Les maisons de production emploient des salariés permanents ; en revanche, sur les tournages, la quasi-totalité des intervenants sont des intermittents. La contrainte, à mon avis, ne réussit pas au cinéma. Les productions télévisuelles se ressemblent du point de vue économique. Au cinéma, en revanche, les budgets peuvent aller de un à cinquante millions d'euros... La contrainte, acceptable pour des films comme Astérix, l'est beaucoup moins pour des productions où l'on doit, souvent avec l'accord des techniciens eux-mêmes, accepter une certaine souplesse en termes de rémunérations, quitte à leur renvoyer l'ascenseur lors d'un prochain tournage. Or, une minorité syndicale nous oblige à respecter des conventions qui vont à l'encontre de l'effet souhaité.
Les artistes n'ont pas vu leur rémunération progresser comme celle des stars. Parfois, même sur des films à gros budget, les producteurs ne sont pas rémunérés sous forme de salaires et ne sont pas remboursés de leurs frais généraux en amont ; ils espèrent récupérer leurs investissements en aval, lors de l'exploitation du film. Comme ils prennent les risques, ils sont les plus incités à faire des sacrifices pour que le projet aboutisse. En fait, ils lissent ces aspects d'un film à l'autre, c'est pourquoi la souplesse doit rester une spécificité du cinéma parce qu'à la diversité des budgets répond celle de leur financement.