Vincent Maraval évoquait justement la rentabilité des films sur le marché international, déplorant qu'ils soient trop chers, donc difficiles à vendre. Reconnaissons que la langue française complique l'exportation. De ce point de vue, The Artist a triché... Les exceptions, comme Intouchables, tiennent du miracle. Les pouvoirs publics devraient faire en sorte que quelques films s'ouvrent à l'anglais ou à d'autres langues étrangères. La souplesse est très importante dans nos métiers : fabriquer un film revient à résoudre en permanence des problèmes, ce qui est rigide est très compliqué à gérer pour nous. En revanche, je ne vois pas bien que faire de l'affirmation selon laquelle il y aurait trop de films. On peut aussi dire que nous sommes trop nombreux sur terre... Qui sera le grand maître de l'eugénisme des films ? Va-t-on mettre en place des mécanismes qui tueront les films économiquement ? Mieux vaut réfléchir aux modes de diffusion.
Tout le système tient sur la chronologie des médias. Pour inciter les nouveaux acteurs du numérique à contribuer au financement, il faudrait leur donner des droits, en ouvrant des fenêtres de diffusion à certains films, ce qui réduirait les fameux embouteillages. Un gros film peut faire une trentaine d'avant-premières en France, un petit film n'a pas de budget pour cela ; peut-être devrait-il pouvoir faire des avant-premières numériques. De même, l'exportation des films pourrait passer par le truchement d'une plateforme numérique qui les diffuserait à l'étranger au moment où ils sortent en France. Outre les quelques deux millions d'expatriés, de nombreux francophones dans le monde sont très à l'écoute de l'actualité culturelle française, mais ne peuvent découvrir les films que dix-huit mois après leur sortie en France.