Intervention de Maryvonne Blondin

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 14 février 2013 : 1ère réunion
Femmes dans le secteur de la culture — Audition de Mme Reine Prat inspectrice générale de la création des enseignements artistiques et de l'action culturelle directrice régionale des affaires culturelles de martinique auteure à la demande du ministère de la culture de deux rapports sur l'égalité hommes-femmes dans les arts du spectacle

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Vous nous avez donné des orientations très précises qui vont nous permettre de passer aux actes. Je crois, à cet égard, qu'il faut aussi penser au public. N'oublions pas, en effet, que ces représentations, dont vous nous avez rappelé qu'elles étaient souvent faites par des hommes pour des hommes, sont proposées dans une grande majorité à des femmes. Les publics sont en effet très féminisés. Comment les femmes reçoivent-elles ces représentations ? Et pourquoi n'existe-t-il pas de femmes « normales » dans les spectacles ?

Concernant les critères de sélection, j'ai interrogé Michel Orier, directeur général de la création artistique au ministère de la culture et de la communication, sur leurs modalités d'élaboration et d'application. Il m'a répondu qu'ils étaient respectés, mais avec les éclairages que vous venez de nous fournir, je pense pouvoir préciser mes sujets d'interrogation car je pense qu'il faudra creuser ces questions.

Par ailleurs, j'ai rencontré Corinne Merle, directrice artistique d'un festival féminin itinérant dont le projet est de présenter des « spectacles subversifs de femmes, sur les femmes, pour les femmes ET les hommes... », est-il précisé sur la plaquette de présentation, que je vous ferai volontiers passer.

Dans la présentation qu'elle fait du projet, elle cite les chiffres de votre rapport, indiquant notamment que 85 % des textes que nous entendons ont été écrits par des hommes et 78 % des spectacles que nous voyons ont été mis en scène par des hommes, pour qualifier ce constat « d'un autre âge ».

Elle estime donc que le miroir tendu aux spectateurs ne peut être que déformé et déformant et que les problématiques contemporaines abordées dans les spectacles vivants sont amputées d'une vision de l'autre pôle de l'humanité.

Par conséquent, elle a donné au festival trois objectifs : faciliter la production et la médiation des projets de créatrices, mobiliser les publics sur des sujets contemporains (droits des femmes, vivre ensemble, citoyenneté, écologie) et évoluer vers de nouveaux équilibres, de nouvelles postures sociétales et de fraternité.

Corinne Merle, qui porte ce projet, me disait avoir du mal à trouver des théâtres partenaires pour accueillir les cinq spectacles programmés dans le cadre du festival.

Par ailleurs, je vous signale que, dans le cadre de la semaine de l'égalité, en mars, le collectif H/F de Bretagne organise un débat sur les femmes dans la culture. La déléguée aux droits des femmes et la direction régionale des affaires culturelles sont associées à cet événement qui sera notamment l'occasion d'accueillir l'association artistique « Les ateliers du vent » et, entre autres artistes, Marine Bachelot, auteure et metteure en scène.

Je vous remercie de nous avoir donné des éléments pour nous aider à agir et, notamment, de nous avoir signalé, par une allusion que nous avons immédiatement saisie, le risque d'abus sur les jeunes filles dans les écoles d'art, qui est, à mes yeux, un enjeu non négligeable.

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