Je voudrais vous alerter sur le fait que la question de la révision des critères est un sujet particulièrement délicat. Si vous abordez ce sujet, vous allez vous heurter à ce que mes collègues directeurs régionaux des affaires culturelles et moi-même qualifions de « glaciation » et qui symbolise le noeud des certitudes qui figent ce milieu. C'est pourquoi j'estime que, face à de telles incompréhensions, il faut être beaucoup plus radical. Ne vous souciez pas des critères, exigez des quotas. Il faut que les femmes soient représentées et nommées à la tête des compagnies et des institutions et il faut qu'elles le soient en masse, pour cesser de faire figure d'exception dans les réunions professionnelles des directeurs de centres dramatiques nationaux et d'autres institutions labellisées.
Concernant Corinne Merle, ne vous faites pas d'illusions. Si vous apportez ce dossier au ministère, on vous dira qu'on ne la connaît pas. J'ai remarqué particulièrement un point dans ce que vous nous avez cité, c'est la référence aux « sujets contemporains » dans les spectacles. Il faut en effet sortir des critères de pure forme pour affronter la question des thèmes abordés par les artistes. Mais cela demande d'engager une véritable réflexion, de niveau philosophique, et cela serait un vrai changement.
A cet égard, je vous signale le travail de Sylvie Cromer, cette sociologue avec qui j'ai mené l'étude des spectacles « jeune public ». La réflexion de Geneviève Fraisse est également très riche sur ces sujets. Par ailleurs, Geneviève Sellier, historienne du cinéma et professeure des universités, a produit des analyses très intéressantes sur le cinéma au prisme des rapports de sexe. Elle s'est, à cet égard, particulièrement intéressée aux séries télévisées populaires dont les représentations, en termes de genre, sont édifiantes.
Dans le secteur des arts plastiques, l'artiste plasticienne ORLAN porte un vrai discours. Je vais faire des recherches et vous transmettrai des noms, si vous le souhaitez.