Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 20 février 2013 à 14h30
Débat sur l'avenir de l'industrie en france et en europe

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Cette part se situe aujourd’hui bien en dessous de la moyenne de l’Union européenne.

Une chose est sûre : la désindustrialisation est un fléau qu’il faut absolument combattre.

Ceux qui ont prêché un temps les mérites d’une économie postindustrielle fondée sur les services se sont gravement trompés. Nous nous accordons tous, me semble-t-il, à reconnaître qu’il y a urgence à promouvoir une nouvelle industrialisation, car l’industrie est essentielle à notre économie : elle est au cœur de l’innovation, qui, elle-même, est le moteur de la croissance. D’ailleurs, 85 % de l’effort de recherche des entreprises françaises est concentré dans le secteur industriel.

L’industrie est aussi, nous le savons tous, un élément majeur pour le commerce extérieur : on le voit aujourd’hui avec le déficit catastrophique de notre balance commerciale.

Dès lors, que faire pour remédier à cette situation ?

Le Gouvernement a déjà engagé un certain nombre d’actions, comme la création de la Banque publique d’investissement, qui devrait contribuer à rationaliser les dispositifs publics d’aide aux entreprises afin de les rendre enfin accessibles aux PME et aux TPE, ou encore le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, qui peut permettre de répondre au moins partiellement à la problématique compétitivité-coût. Voilà autant de mesures que nous avons, pour notre part, soutenues.

Au cours de ces dernières années, les entreprises françaises ont considérablement réduit leurs marges pour maintenir leur compétitivité. Toutefois, cela a conduit, en réalité, à l’effet inverse, à savoir une détérioration de la compétitivité à moyen et long terme du fait de la réduction des investissements.

Si le coût du travail, qui est souvent montré du doigt dans notre pays, joue un rôle dans notre déficit compétitif, il n’est certainement pas l’unique facteur de perte de notre compétitivité. Les comparaisons qui peuvent être faites avec d’autres pays européens montrent que le coût du travail joue certes un rôle à cet égard, mais qu’il n’est pas le facteur déterminant.

D’ailleurs, la politique de modération salariale conduite depuis une dizaine d’années par l’Allemagne n’est pas la principale source du succès de son industrie. Il existe une différence majeure entre les industries françaises et allemandes : le positionnement de gamme. C’est en montant en gamme que les entreprises françaises pourront véritablement renforcer leur compétitivité.

Le développement des PME à l’international est aussi l’un des points faibles du tissu industriel français et, a contrario, l’un des points forts du fameux Mittelstand allemand. Certes, nous avons de grandes entreprises, qui sont de véritables « championnes mondiales », par exemple, dans le secteur aéronautique, qui est un fleuron de notre industrie, mais nous n’avons que très peu de PME et d’ETI exportatrices.

C’est pourquoi il est nécessaire d’engager d’autres réformes pour renforcer la compétitivité de notre industrie sur le long terme, en mettant, notamment, l’accent sur les formations.

Le choix d’une formation technique est trop souvent dévalorisé dans notre pays, alors que l’une des forces de l’industrie allemande réside dans l’importance accordée à la formation en alternance. Les pays émergents ont également compris l’importance du « capital humain ». Ainsi, des pays comme la Chine investissent des sommes considérables dans la mise en place de systèmes éducatifs et de formation de qualité.

Enfin, l’intitulé de ce débat nous invite, à juste titre, à nous pencher sur la dimension européenne que revêt cette question.

C’est en effet à l’échelle européenne que nous devons agir aujourd’hui pour corriger les déséquilibres du libre-échange, en instaurant une nécessaire réciprocité notamment en matière d’ouverture des marchés publics. Nous avons besoin d’une véritable politique industrielle européenne, qui est indissociable de la mise en place d’une politique européenne en matière d’énergie.

Enfin, monsieur le ministre du redressement productif, permettez-moi de conclure en formulant ce qui est plus qu’un vœu, une conviction : développez la recherche et l’innovation, faites confiance à l’intelligence de notre pays, faites en sorte que nos cerveaux ne s’exportent plus pour que nos productions continuent à se développer et à s’exporter ! §

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