Intervention de Delphine Bataille

Réunion du 20 février 2013 à 14h30
Débat sur l'avenir de l'industrie en france et en europe

Photo de Delphine BatailleDelphine Bataille :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, parmi les filières industrielles, celle de l’automobile est stratégique pour la France. L’économie française dans son ensemble est aujourd’hui affectée par les menaces qui pèsent sur cette industrie.

Même si elle est surtout présente dans certaines régions, l’industrie automobile représente un poids considérable dans notre pays, occupant 10 % des actifs et réalisant près de 20 % de la valeur ajoutée industrielle. En tout cas, elle joue un rôle essentiel dans la région Nord-Pas-de-Calais, deuxième région de France dans ce domaine. Sur le plan industriel, la filière automobile, moteur de l’économie régionale, est le premier employeur et le premier investisseur local. C’est dire si le Nord est durement frappé par la crise qui secoue aujourd’hui cette filière.

Depuis quelque temps, les difficultés du secteur automobile en France sont au cœur de l’actualité, avec le plan de suppression de 8 000 postes et la fermeture du site d’Aulnay chez PSA, les accords de compétitivité en cours de négociation chez Renault ou encore la fermeture annoncée du site Goodyear à Amiens.

Comme pour l’ensemble de l’industrie, l’année 2012 a en effet été particulièrement cruelle pour l’automobile. Toutefois, la situation de la filière n’est pas nouvelle et concerne tout le continent européen.

Depuis plusieurs années, la tendance est à un effondrement du marché européen de l’automobile, qui a subi une baisse de 21 % depuis cinq ans. Les immatriculations de voitures neuves en Europe affichent, en ce début d’année 2013, un nouveau recul de 8, 6 % sur un an. Il s’agit, selon l’Association des constructeurs européens d’automobiles, du « plus bas historique » depuis le début de cette série statistique, en 1990. La situation reste toutefois contrastée selon les pays et les groupes automobiles.

Aujourd’hui, l’industrie automobile européenne doit affronter de nouveaux concurrents à l’échelle internationale. Le marché européen est devenu un marché de remplacement et la demande a globalement basculé vers les pays émergents.

Nos deux constructeurs nationaux ont du mal à faire face aux nouveaux défis. Il s’agit avant tout d’une crise structurelle, amplifiée par une conjoncture particulièrement difficile.

Si la France conserve, en Europe, le deuxième rang en matière de construction automobile et si elle représente toujours 12, 5 % des emplois du secteur au sein de l’Union, elle est passée en dix ans du quatrième au huitième rang mondial.

Sur 2, 2 millions de voitures particulières vendues sur le marché français en 2011, la part des constructeurs français s’élevait à 56 %. Dans la période récente, leurs ventes baissent plus brutalement que le marché lui-même. Nos constructeurs subissent de plein fouet la crise économique et, par voie de conséquence, déstabilisent l’ensemble de la filière.

Parmi les facteurs de crise, relevons le fait que Renault et PSA se positionnent principalement sur le segment du milieu de gamme, qui continue à dominer le marché européen, mais au sein duquel la demande s’effondre, alors que, dans le même temps, ces deux entreprises couvrent insuffisamment d’autres marchés internationaux. Nos constructeurs demeurent donc, en ce sens, des généralistes dépendant de la demande des classes moyennes. Ils se trouveraient ainsi pris en tenaille entre les constructeurs des véhicules d’entrée de gamme fabriqués dans des pays à faible coût du travail et la domination de marques positionnées dans le haut de gamme.

Par ailleurs, ils souffriraient tous deux de gammes courtes et vieillissantes, ayant préféré préserver leurs marges, au détriment de certaines parts de marché et au prix de l’affaiblissement de leurs fournisseurs équipementiers. Pourtant, la filière automobile doit relever de lourds défis, en particulier en matière d’emploi et de formation, de maintien de la compétitivité et d’amélioration des réponses environnementales et techniques.

Un dialogue social renforcé permettrait une vraie gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

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