Intervention de Martial Bourquin

Réunion du 20 février 2013 à 14h30
Débat sur l'avenir de l'industrie en france et en europe

Photo de Martial BourquinMartial Bourquin :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre débat montre que la désindustrialisation a malheureusement pris racine dans la vie économique française, provoquant des dégâts impressionnants dans le domaine économique, certes, mais aussi et surtout en matière sociale. C’est en effet en grande partie à la désindustrialisation que nous devons le chômage de masse que nous connaissons.

Comme le disait Hannah Arendt, qui a beaucoup scruté l’Europe, « ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c'est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire ».

Eh bien, essayons de comprendre ce qui se passe, efforçons-nous d’agir sur des facteurs de croissance et cherchons à retrouver une culture commune afin de faire de l’industrie une véritable cause nationale.

En premier lieu, nous devons comprendre qu’il n’y aura pas d’avenir et que la France ne sera pas une grande nation si elle ne retrouve pas un socle industriel puissant.

En second lieu, nous devons articuler notre politique entre une stratégie globale volontariste et une stratégie de filières. Les deux sont intimement liées. Sans une volonté politique très forte liée à une stratégie de filières, il n’y aura pas de réindustrialisation.

À cet égard et pour avoir assisté à l’installation du Conseil national de l’industrie, je peux dire que l’ensemble des partenaires sociaux reconnaissent le volontarisme du Gouvernement et, en particulier, du ministère du redressement productif.

Une politique de filière, c’est avant tout une politique visant à inciter les grands groupes et les entreprises de toute taille à travailler ensemble, à tisser des relations de coopération et de complémentarité dans le cadre d’écosystèmes productifs, mêlant intimement recherche industrielle et développement.

Plusieurs intervenants l’ont souligné, notre industrie a besoin d’une montée en gamme, ce qui passe par l’innovation, et celle-ci ne doit pas être réservée à quelques grands groupes : elle doit être diffusée dans l’ensemble de nos entreprises. C’est pourquoi le crédit d’impôt recherche doit aussi bénéficier à nos PME et TPE.

Qui peut croire que notre industrie automobile, par exemple, a un avenir sans une montée en gamme ? À ce qu’en a déjà dit Delphine Bataille j’ajouterai que ce qui rendra cette montée en gamme possible sera sa capacité à mettre au point très rapidement un moteur écologique de deux litres. Il nous faut en effet repenser nos modes de déplacement : si nous relevons ce défi, nous donnerons un avenir à notre industrie automobile !

Dans le domaine de l’agroalimentaire, nous sommes placés devant un choix : aller vers le bas de gamme ou vers des produits de moyenne ou de haute gamme qui feront la différence avec les produits qui vont arriver sur le marché et avec lesquels nous ne pourrons sinon pas rivaliser ?

Nous devons aussi engager, on l’a dit, une politique européenne. L’Europe a cru que la mise en concurrence en son sein des différents pays européens suffirait à faire une politique industrielle. Or, nous avons besoin de grands investissements, de grands emprunts européens. Nous devons pouvoir nous appuyer sur des politiques de grands travaux, mais aussi sur une politique industrielle pensée au niveau de l’Europe.

De ce point de vue, monsieur le ministre, la nécessité de la réciprocité devient évidente. Savez-vous comment les États-Unis ont conservé leur filière photovoltaïque ? Eh bien, ils ont décidé, en quarante-huit heures, de bloquer l’importation des panneaux photovoltaïques en provenance de Chine ! Quand l’Europe affichera-t-elle la même volonté politique ?

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