Intervention de Aymeri de Montesquiou

Réunion du 20 février 2013 à 14h30
Débat sur l'avenir de l'industrie en france et en europe

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, « jamais un pays n’aura mené une politique aussi contraire à ses intérêts qu’aujourd’hui ».

Ce constat éminemment provocateur de l’économiste Christian Saint-Étienne appelle à la réaction, au réveil, à l’urgence de repenser notre modèle économique et industriel. La fiscalité punitive et le marché sclérosé du travail ne lui donnent, hélas ! pas tort.

Ayons la lucidité et la modestie de faire notre autocritique et d’agir en conséquence. Le rapport Gallois est la base de ce futur rebond : mettez-le en œuvre. La Cour des comptes est notre conscience budgétaire : écoutez-la !

Nos politiques industrielles furent de tout temps et demeurent orientées vers nos grands groupes, ces vitrines de notre économie qui pourtant ne créent plus d’emplois en France, et non vers les PME, qui génèrent, elles, le plus d’emplois industriels. Notre économie crée de nombreuses entreprises mais ne parvient pas à les faire grandir.

Trois éléments sont cruciaux pour l’avenir de notre industrie : l’investissement, obéré par la complexité administrative et une fiscalité décourageante ; la formation, car nous ne serons compétitifs que dans l’excellence ; l’envie enfin. Donnons envie à nos étudiants, à nos cadres, à nos entrepreneurs, aux investisseurs de rester ou de venir en France !

Nous connaissons tous les atouts, l’excellence, le potentiel d’innovation de notre pays. En contraignant les moteurs de notre économie à l’exil par une fiscalité confiscatoire et une atmosphère d’hostilité, vous rejetez toute une fraction de la population qui le fait prospérer. Vous devriez plutôt créer les conditions de leur épanouissement en France, en les associant et non en les excluant, grâce au dialogue.

L’absence de dialogue à tous les niveaux est un problème majeur dans un marché du travail englué dans des procédures administratives kafkaïennes et vicié par une atmosphère de lutte des classes d’un autre âge. Le rapport de force est-il le seul moyen de négociation ?

Monsieur le ministre, provoquez le dialogue entre le monde de l’entreprise et l’État, promouvez le dialogue interentreprises, encouragez le dialogue entre syndicats et patronat, comme l’a fait le Premier ministre avec la conférence sociale, favorisez le dialogue au sein de l’entreprise.

Il faut que tous, quels que soient leurs choix politiques, aient conscience qu’un entrepreneur prend des risques et que ce qu’il gagne ne spolie pas ses salariés : ils sont interdépendants. L’entrepreneur engage ses biens et ses capitaux, fragilise sa vie personnelle par un emploi du temps de stakhanoviste pour faire fonctionner l’entreprise. Son intérêt, bien sûr, est d’avoir les meilleurs collaborateurs, ayant des idées, de l’énergie, contribuant ainsi à développer son entreprise. Pour cela, l’entrepreneur doit être équitable dans les rémunérations et montrer à ses salariés la considération qu’ils méritent.

Un intéressement financier est donc indispensable. La nouvelle taxation que vous imposez à l’intéressement est contreproductive. En revanche, votre projet de participation des salariés au conseil d’administration pour définir les objectifs de l’entreprise est une très bonne initiative. §

Un impôt doit être incitatif. À cette fin, il doit bien évidemment être juste et, contrairement à ce que pensent certains, ce n’est pas contradictoire : c’est complémentaire ! Votre fiscalité tue l’envie. Or, dans quelque domaine que ce soit, l’envie est un moteur essentiel.

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