Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais tout d’abord évoquer deux événements tragiques qui se sont produits aujourd'hui même.
Une famille française comptant de jeunes enfants a été prise en otage au nord du Cameroun, vraisemblablement par le mouvement Boko Haram – nous sommes en train de vérifier ce point –, qui sévit au Nigeria. Nous sommes en contact avec les gouvernements concernés. Si c’est bien de ce groupe qu’il s’agit, il ne faut pas oublier qu’il est en rapport étroit avec les réseaux qui œuvraient au Nord-Mali, au point qu'il envoyait un certain nombre d'apprentis terroristes suivre des stages de formation dans cette région. En cet instant, j’ai une pensée particulière pour cette famille ; il faut s’imaginer ce que représente la détention dans de telles conditions de très jeunes enfants…
Je pense également au soldat français qui est tombé voilà quelques heures au Nord-Mali, lors de combats extrêmement rudes. Cet événement dramatique nous rappelle, s’il en était besoin, que participer à une intervention militaire contre des groupes terroristes, c'est toujours exposer sa vie.
Mesdames, messieurs les sénateurs, ce débat de haute tenue porte sur une série de sujets qui se recoupent. Après avoir répondu à chacun des intervenants, je reviendrai de façon plus synthétique sur certains thèmes récurrents.
Auparavant, je voudrais relever que, au cours du tour du monde que vous accompli, l’émergence d’un monde nouveau a souvent été évoquée. En vous écoutant, j'avais à l'esprit cette belle phrase de Tocqueville – s'agissant de Tocqueville, parler de « belle phrase » est presque un pléonasme ! – tirée de De la Démocratie en Amérique : « Il faut prendre garde de juger les sociétés qui naissent avec les idées de celles qui ne sont plus. » Au regard des événements se déroulant actuellement dans un certain nombre de pays, cette mise en garde est utile.
Vous avez également largement abordé le thème de la diplomatie économique – je reviendrai tout à l’heure sur ce choix du Gouvernement qui orientera notre action dans les années à venir –, ainsi que ceux des opérations au Mali, bien sûr, des printemps arabes, de la situation en Syrie.
D'autres sujets sont moins apparus au cours de vos interventions, alors que nous savons toutes et tous qu’ils sont pourtant eux aussi importants.
Ainsi, la question iranienne est peut-être moins évoquée aujourd'hui qu’elle ne l’était voilà quelques mois où qu’elle ne le sera, malheureusement, dans un avenir proche. En effet, elle demeure pendante : incontestablement, les Iraniens veulent se doter de l'arme atomique.
La France, à l’instar des autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et de l'Allemagne, a choisi de privilégier la négociation. C’est la seule bonne stratégie : il faut parvenir, en exerçant des pressions, à ce que l'Iran, pays héritier d’une grande civilisation, se dote de l'énergie atomique civile sans pouvoir accéder à l'arme nucléaire, car cela représenterait à l’évidence un danger épouvantable dans une région déjà passablement troublée. Toutefois, comme nous ne sommes pas certains de parvenir à nos fins par la négociation, il faut également prévoir des sanctions de plus en plus fortes en cas d’échec.
Nous sommes dans la phase de négociation ; celle-ci est restée sans résultat jusqu’à présent. Si la négociation devait ne pas aboutir, il nous faudrait nous revoir dans quelques mois, sans doute pas avant juin prochain et la tenue des élections en Iran. En effet, selon les indications techniques dont nous disposons, et même s'il nous faut demeurer extrêmement méfiants, il n’y a pas péril absolu avant cette date. En tout état de cause, il faudra conjurer la menace au cours de l’année 2013.
Mesdames, messieurs les sénateurs, vous n'avez pas non plus beaucoup parlé du conflit israélo-palestinien, qui est pourtant le père de beaucoup d’autres.