Intervention de David Assouline

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 20 février 2013 : 3ème réunion
Distribution de la presse — Audition de Mm. Marc Norguez secrétaire général et laurent joseph délégué syndical de presstalis au syndicat général du livre et de la communication écrite sglce-cgt

Photo de David AssoulineDavid Assouline :

Le Sénat s'est toujours intéressé à la presse et à la distribution, et a travaillé sur le sujet, notamment dans le cadre de la réforme de la loi Bichet. Ces auditions sont menées dans l'intérêt général : face à cette crise, il est de notre responsabilité de délivrer des informations précises. Nous aurions préféré que celle-ci émerge de façon contradictoire à partir d'une table ronde ; malheureusement il n'a pas été possible de réunir l'ensemble des acteurs autour de la table.

La crise ne date pas, comme vous semblez l'indiquer, de la modification de la loi Bichet. Un problème de contentieux a empêché le bon fonctionnement des messageries. Quant à l'organisation bicéphale, que nous avions proposée avec M. Legendre, elle n'a pas aggravé la situation, au contraire.

Presstalis est en crise ; cet été, la société était au bord du dépôt de bilan. Après l'alternance, l'État est intervenu en urgence, alors que les nouveaux gouvernants n'étaient guère responsables d'une situation que leurs prédécesseurs avaient laissé dégénérer : 20 millions d'euros de prêts ont été consentis et les apports directs pour 2012 et 2013 ont été augmentés, en contrepartie d'une réforme. En effet, il n'est pas sain, ni pour Presstalis, ni pour la presse en général, de laisser s'accumuler des déficits en comptant sur l'État. Vous avez raison : la presse et le pluralisme sont nécessaires à la démocratie, et le pluralisme consiste également à ce que tout ce qui est écrit soit mis à disposition des citoyens.

Cependant, vous n'abordez qu'en partie les questions qui se posent. Dans la communication sur ce conflit, vous êtes à armes inégales : vous ne rechignez pas, à un moment où la presse est en crise, à employer des méthodes attentatoires à sa liberté de diffusion, ce qui fait de vous des accusés, et cependant, vous ne détenez pas la presse et n'êtes pas maître de son contenu : de ce fait, votre point de vue est peu entendu.

Nous comprenons qu'un syndicat considère inacceptable la suppression d'un emploi sur deux. Mais certains vous reprochent d'avoir négligé, malgré votre grande connaissance de l'entreprise et du marché, d'entreprendre plus tôt une réforme qui aurait pu se faire en douceur. Vous auriez été complice du statu quo qui impose aujourd'hui des mesures drastiques. Je ne porte pas personnellement cette accusation, je me contente de la relayer.

Vous êtes seulement majoritaire, mais exercez un pouvoir de cogestion, notamment à l'embauche. Michel Françaix, rapporteur pour avis à l'Assemblée nationale, souligne dans son rapport « le poids dans ce déficit des surcoûts sociaux liés au statut des ouvriers du livre présents chez Presstalis ». Il ne s'attaque pas directement à la rémunération, mais à tout ce qui vient en sus : ce que vous avez obtenu, au terme de luttes certainement, mais qui, dans ce contexte, constituent des charges extraordinaires : primes de casse-croûte, de pénibilité, de jours fériés... Le salaire d'un ouvrier du livre atteindrait ainsi 3,5 fois le smic brut.

De votre point de vue, qu'est-ce qui pourrait permettre de sortir du blocage ? Vous dites refuser de négocier sans retrait préalable du plan social. Mais si tout le monde scie la branche sur laquelle il est assis, la presse écrite nationale, en situation déjà difficile, va disparaître... Il n'y aurait alors plus de raison de distribuer !

Vous appelez à une réforme, et indiquez qu'avec l'évolution prévisible des ventes, l'activité ne peut être maintenue au même niveau. Comment comptez-vous aborder, de façon constructive, les discussions avec le médiateur ?

Presstalis emploierait 2 400 personnes, dont 500 au siège, 200 à 300 pour le groupage, et 1 600 dans les dépôts de province. Quels postes peuvent être renforcés ou allégés ? A quelles conditions ? Vous savez que le plan social est inévitable, et même contraints, vous avez déjà accompagné des plans sociaux dans le passé. Dès lors, sur quelles autres bases conventionnelles acceptez-vous de rentrer dans une discussion constructive ?

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