Intervention de Jean-Claude Requier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 27 février 2013 : 1ère réunion
Déplacement en libye — Communication

Photo de Jean-Claude RequierJean-Claude Requier :

Je voudrais aborder la question des relations avec le ministère de l'intérieur et donc celle de la sécurité intérieure. Notre première constatation sur place est que la police n'a pas bonne réputation. Le métier n'était pas considéré comme valorisant, déjà sous l'ancien régime. On ne peut pas dire que la Révolution qui a fait voler en éclat tous les cadres d'autorité ait amélioré les choses. Pourtant, il y a nécessité évidente à disposer de forces de police efficaces et intégrées dans la population. Leur rôle est particulièrement difficile dans la situation post révolutionnaire de la Libye où tout le monde est armé et où tout ce qui incarne l'ordre ancien et l'autorité du passé, est, à tort ou à raison, fortement contesté. La première difficulté sera de changer les mentalités.

Cette nécessité de reconstruire des forces de police se heurte à une autre difficulté, qui caractérise l'état de la Libye actuelle, qui est celle de jouer à la fois le court terme pour répondre aux besoins immédiats et le long terme puisque tout est à restructurer. Dans ce contexte, l'assistance internationale est une nécessité. Elle est également de notre intérêt pour éviter et tenter de contrôler les différentes activités du crime organisé et les trafics qui nous menacent directement (drogue, armes, immigration etc...).

Avant d'en venir à notre coopération policière, je voudrais souligner que ces besoins sont clairement identifiés par les organisations internationales et qu'il existe notamment un programme d'Interpol, financé par l'Union européenne, pour reconstruire la capacité d'enquête de la Libye, le programme RELINC. De ce point de vue, le non remplacement de l'expert de la gendarmerie auprès de la délégation de l'Union européenne, le colonel Rio, est très regrettable.

Ma deuxième remarque préalable est qu'il existe une volonté de créer une force de gendarmerie où nous pourrions jouer un rôle important, soit directement, soit au travers des accords entre les gendarmeries européennes. Il y a eu en 2012 une visite du vice-ministre de la défense à la gendarmerie nationale. Il est évident que des concepts comme celui de maillage territorial, de proximité avec les populations et de gendarmerie mobile, intéressent directement les autorités libyennes.

La coopération franco-libyenne en matière de sécurité intérieure est néanmoins dynamique. Comme je l'ai dit, elle s'inscrit dans un contexte et une situation sécuritaire rendu plus compliqué par la question de l'intégration des révolutionnaires dans les forces régulières et par la complexité du contexte de transition.

Notre coopération de sécurité s'applique depuis octobre 2011 et s'organise autour des trois thématiques principales suivantes :

La protection des hautes personnalités en premier lieu qui porte sur la formation et qui a consisté en des contacts avec les responsables de la « garde présidentielle » libyenne qui est une unité nouvellement créée.

Le deuxième axe de coopération concerne la gestion démocratique des foules : la France a fait une offre contractuelle globale pour former plus de 3 000 agents du ministère de l'intérieur afin de répondre aux besoins de maintien de l'ordre. Il nous a été indiqué que les Turcs formaient de leur côté 700 policiers.

La lutte contre l'immigration irrégulière est le troisième volet de notre coopération qui intéresse directement notre pays mais aussi l'ensemble de nos partenaires européens.

D'autres actions sont entreprises en matière de protection civile et de douane.

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