Je m'étais rendue en Libye peu avant la mission de la commission dans le cadre d'un programme européen de coopération parlementaire. Ce pays, que nous ne connaissions que relativement peu, du fait de la fermeture de la dictature, m'est apparu - tout au moins à Tripoli - comme un pays apaisé où les gens vivent normalement. Ma deuxième remarque, qui la différencie des autres pays arabes, c'est qu'il n'y a pas de pauvreté en raison de ce que certains qualifient d'assistanat, mais que j'appellerai un haut niveau de transfert en particulier dans les domaines de l'éducation et de la santé. C'est un pays éduqué, ce qui est un grand atout.
J'observe également que le processus électoral a marché de bonne manière. Le point le plus délicat, c'est effectivement la question de la sécurité avec le défi du désarmement des milices. Viennent ensuite l'établissement de l'état de droit et la reprise de l'activité économique.
Lors de mes contacts au CNG - qui comporte 30 % de femmes - c'est qu'il n'y a pas de projet politique, pas de définition de partis politiques. Cela étant, j'ai constaté l'énorme bonne volonté de ces élus qui ont la volonté d'avancer et de travailler. Ce qui leur manque, c'est la méthode. Ils ne savent comment agir et ils comptent beaucoup sur la France pour la mise en place du système politique. Ils ne comprendraient pas que nous ne répondions pas très vite à leur attente.
L'Union européenne a un programme de construction de l'Etat dont la partie parlementaire a été confiée à une ONG multilatérale, qui ne m'a pas semblé à la hauteur des enjeux et dont l'expérience provient plutôt de pays du nord de l'Europe. Il est très important d'avoir rapidement des échanges entre parlementaires qui portent sur un savoir-faire très pratique comme par exemple le travail en commission. L'un des freins à ces échanges, comme cela a été indiqué, pour les entreprises, c'est l'absence de desserte aérienne directe par Air France. Il y a eu des refus de visas à des élus libyens par l'Allemagne et leur renvoi en Libye, ce qui a provoqué une impression très négative.
Enfin, je voudrais faire part d'une dernière observation : il me semble, à la lueur des entretiens que j'ai eus avec les parlementaires libyens, que le danger d'islamisation radicale est moins fort qu'ailleurs.