Intervention de Catherine Morin-Desailly

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 14 mars 2013 : 1ère réunion
Économie numérique de la presse et du livre — Audition de Mme Fleur Pellerin ministre déléguée auprès du ministre du redressement productif chargée des pme de l'innovation et de l'économie numérique

Photo de Catherine Morin-DesaillyCatherine Morin-Desailly :

Je suis d'autant plus heureuse de vous rencontrer aujourd'hui, madame la ministre, que je n'ai reçu aucune réponse, ni à ma demande d'entretien avec vous, qui m'aurait aidé à préparer le rapport que m'a confié la commission des affaires européennes, ni au courrier que je vous ai adressé concernant le CNC. Présidente du groupe d'études sur les médias et les nouvelles technologies, qui rassemble des représentants de toutes les sensibilités politiques, je forme le voeu que cette audition nous aide à nouer de saines relations, comme cela était le cas par le passé.

Je vous ai trouvée sévère sur les États généraux de la presse. En matière numérique, il faut rester humbles. Le séisme n'était pas, à l'époque, aussi violent qu'aujourd'hui. On ne parlait guère, alors, de publication sur Internet, ni de pure players. Nous ne mesurions pas ce qui allait se produire. Les aides apportées ont été jugées utiles, même si elles n'ont fait que combler des pertes sans réformer en profondeur le système de production de la presse, qui en a bien besoin.

Sur l'accord passé avec Google, je rejoins M. Assouline. Vous vous en dites satisfaite, je m'en inquiète. L'entreprise Google a fait tomber le masque, en montrant qu'elle pouvait censurer la liberté d'expression. Un tel pouvoir, hégémonique, met en jeu notre souveraineté. Notre économie, notre culture sont menacées. Google compte pour 90 % des recherches en ligne en Europe. Sans doute le fonds de 60 millions est-il une aubaine en ces temps de vaches maigres, mais cette collaboration ne créera-t-elle pas une forme de dépendance ? Nous regrettons le manque de transparence en amont de la signature de l'accord. Tous les titres ne seront pas aidés. Et quels seront les critères de répartition des 60 millions ? Ne risquent-ils pas d'avantager les plus gros au lieu des plus innovants ? Ne risque-t-on pas de voir Google privilégier, dans ses résultats de recherche, les titres qui bénéficient de son aide et utilisent ses outils ? La voie législative, qui avait été envisagée, et qui serait plus pérenne, est-elle abandonnée ? L'accord n'est qu'un fusil à un coup, et ces 60 millions sont une goutte d'eau au regard du chiffre d'affaires de Google, estimé entre 1,25 milliard et 1,4 milliard d'euros.

Dans le cadre de la stratégie opportune et offensive du Gouvernement à l'international, enfin, avez-vous noué des contacts privilégiés avec des pays qui manifestent la même volonté de faire progresser l'équité ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion