Intervention de Grégoire Théry

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 14 mars 2013 : 1ère réunion
Prostitution et proxénétisme — Audition de M. Grégoire Théry secrétaire général du mouvement du nid-france membre du haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes accompagné de Mme Claire Quidet porte-parole du collectif abolition 2012

Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid-France, membre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes :

Exactement ! Il faut sortir de ces idées reçues. Comment d'ailleurs considérer la prostitution comme un mal nécessaire, ce qui supposerait que l'on accepte de sacrifier une partie de la population à une autre !

Nous pouvons nous réjouir d'un début de prise de conscience constatée, de certains progrès : en 2010, le gouvernement Fillon a déclaré la lutte contre les violences envers les femmes « Grande cause nationale » et identifié la prostitution et la traite comme une des formes que revêtent ces violences. Mme Roselyne Bachelot-Narquin a porté un plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes couvrant les années 2011-2013, dont le chapitre VII portait sur la prostitution et prévoyait une campagne nationale de sensibilisation du grand public.

Il y a aussi eu le remarquable rapport d'information de l'Assemblée nationale, issu d'un travail « trans-partisan » et qui a reçu un soutien unanime. C'est également à l'unanimité que l'Assemblée nationale a adopté en décembre 2011 une résolution qui réaffirme la position abolitionniste de la France et insiste sur la violence inhérente à la prostitution.

Nous avons donc de grands espoirs, mais aussi des inquiétudes. Vous évoquiez, Madame la Présidente, la proposition de loi du groupe écologiste du Sénat. Nous ne pouvons qu'approuver son exposé des motifs et son dispositif. Mais il est peut-être dangereux que l'on continue à refuser d'avoir une approche globale du sujet.

La mesure proposée est évidemment en elle-même une bonne mesure. Mais en termes de méthode, elle n'est pas meilleure que celle qui a créé le délit de racolage : c'est une mesurette contre une mesurette. Elle présente par ailleurs un risque de clivage partisan.

Nous pensons qu'il ne faut pas renoncer à un examen global. Une mesure isolée ne peut d'ailleurs rien changer. Je l'ai dit à la rapporteure de la proposition de loi, que j'ai rencontrée hier. Si on supprime le délit de racolage parce qu'il ne sert qu'à déplacer les personnes prostituées et augmente leur précarité, les maires prendront des arrêtés anti-prostitution. Si on le supprime parce qu'il permet d'expulser des personnes en situation irrégulière, sans régler la question de leur accès à un titre de séjour, elles pourront quand même être expulsées. On change tout mais on ne règle rien !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion