Intervention de Patrick Pailloux

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 21 février 2013 : 1ère réunion
Audition publique ouverte à la presse conjointe avec la commission de la défense nationale et des forces armées de l'assemblée nationale et la commission des affaires étrangères de la défense et des forces armées du sénat sur « le risque numérique : en prendre conscience pour mieux le maîtriser »

Patrick Pailloux, directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) :

Il n'est pas aisé d'expliquer comment il convient de réagir face au tableau cataclysmique qui vient de nous être présenté. Si quelqu'un, où qu'il se trouve, pense avoir la bonne réponse, je l'invite à contacter l'ANSSI au plus vite : nous avons un poste à lui proposer ! (Sourires.)

La stratégie de réponse de l'État a cependant évolué de manière significative depuis quelques années. La problématique de la sécurité de nos données n'est certes pas nouvelle, puisque des systèmes de chiffrement sont apparus dès l'Antiquité, mais le sujet a littéralement explosé depuis quelques années. La stratégie nationale de la France a véritablement commencé à évoluer à partir de 2008 et du dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, qui a identifié le risque d'attaque majeure contre les systèmes d'information comme une menace stratégique, et estimé que le degré de probabilité d'occurrence dans les quinze années à venir était extrêmement fort. Il était dès lors nécessaire de se doter d'une stratégie et de capacités de cyberdéfense.

La stratégie, définie dans la foulée du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008, repose sur quatre points. En premier lieu, la France souhaite être une puissance mondiale en matière de cyberdéfense. Il ne s'agit pas de montrer notre force pour le plaisir. Simplement, les frontières n'existent pas dans ce domaine. On ne peut donc se contenter d'être un joueur local.

En deuxième lieu, il s'agit de conserver la capacité - que la France avait par le passé - de protéger ses informations essentielles de manière autonome. On touche ici au coeur du coeur du fonctionnement de l'État dans les domaines de la défense et de la sécurité nationale. Pour prendre un exemple, nous devons être capables de produire des chiffreurs en toute autonomie, afin d'être sûrs de ne pas dépendre de tiers auxquels nous ne faisons pas nécessairement confiance.

En troisième lieu, nous devons renforcer très significativement la sécurité de nos infrastructures vitales. J'aime à dire que les systèmes d'information et de télécoms sont nos systèmes nerveux : rien ne fonctionne dans notre vie courante sans informatique. Si nous ne sommes pas capables de protéger les infrastructures vitales que sont la distribution d'énergie, les moyens de télécommunication, nos finances, nos systèmes médicaux et nos systèmes industriels, notre Nation s'effondrera.

Enfin, il nous faut promouvoir la sécurité dans le cyberespace. Nous sommes là dans l'usage du citoyen, et de la confiance qu'il peut avoir dans l'e-administration et les transactions sur Internet.

Pour mettre en oeuvre cette stratégie, nous avons établi - comme toujours en France, mais à raison me semble-t-il - une capacité centralisée. Nos grands homologues internationaux ont souvent davantage d'effectifs que nous, mais ils sont généralement moins centralisés.

Créée en 2009, l'ANSSI est à la fois l'autorité de sécurité et l'autorité de défense. Elle a donc deux missions, une mission de prévention et une mission de réaction.

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