Intervention de Jean-Luc Domenach

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 mars 2013 : 1ère réunion
Situation intérieure et extérieure de la chine — Audition de M. Jean-Luc Domenach directeur de recherche au ceri-sciences po

Jean-Luc Domenach, directeur de recherche au CERI-Sciences Po :

Le réveil américain arrive très tard. Le lobby prochinois est aujourd'hui très puissant au sein de la classe politique américaine. J'observe par ailleurs que les capacités d'espionnage chinoises sont aujourd'hui considérables, notamment dans le domaine industriel. De ce point de vue, la vigilance des pays occidentaux en général et de la France en particulier me paraît beaucoup trop faible.

La stratégie d'investissement chinoise à l'étranger correspond avant tout au besoin d'approvisionnement du pays en matières premières. C'est particulièrement le cas en Afrique, où les investissements chinois sont massifs, et rencontrent parfois la résistance des populations locales.

S'agissant de l'Islam, les autorités chinoises ont des difficultés avec un islamisme radical dans certaines provinces chinoises. Il y a par ailleurs un irrédentisme spécifique des régions turcophones qui ne s'appuient pas spécifiquement sur une revendication religieuse. En ce qui concerne le christianisme, on observe un assouplissement de l'attitude des autorités à l'égard de la chrétienté, dans un pays qui ne contient que dix millions de catholiques et vingt millions de protestants. En revanche, on assiste à une montée en puissance du christianisme évangélique.

Dans un système politique qui connaît autant de divergences que le système chinois, l'armée a naturellement vocation à jouer un rôle croissant. Depuis quelques années, les militaires jouent un rôle de plus en plus important, grâce à une élite militaire compétente qui a de plus en plus tendance à prendre des positions politiques, notamment dans le domaine diplomatique.

Le poids des provinces est un élément déterminant de l'avenir de la Chine. Il y aura vraisemblablement une fragmentation croissante du pays, compte tenu de la puissance acquise des certaines provinces. D'ores et déjà, cinq à six provinces pourraient être considérées parmi les quinze premières puissances mondiales. Le centralisme chinois devra faire face à une volonté d'autonomie croissante des provinces.

Si la Chine ne souhaite pas s'engager dans des traités internationaux contraignants en matière d'écologie, la prise de conscience des dirigeants dans ce domaine est manifeste. La nomination au ministère de l'environnement d'un responsable politique de premier plan, très engagé dans le domaine de l'écologie, en témoigne.

La question sociale est évidemment au coeur de l'avenir du pays. Les revendications sociales conduiront nécessairement à une amélioration de la condition des salariés et à terme à une perte de compétitivité travail des industries chinoises.

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