En ce qui concerne les postes de direction (d'un centre chorégraphique national, d'un centre dramatique national ou d'une scène nationale), il faudrait, pour que les femmes soient à égalité avec les hommes, que les informations soient diffusées bien en amont car on sait que tout se joue bien avant que celles-ci ne circulent dans la presse !
Prenez la désignation de Stéphane Lisner à la direction de l'Opéra de Paris : cette nomination est intervenue deux ans avant sa prise de fonctions effective et s'est jouée hors de toute publicité. Il est vrai qu'en matière d'appel à candidatures les règles sont un peu dérogatoires pour les théâtres nationaux -.
Je pense qu'il faudrait que les femmes se prennent en main. Dans le cinéma, par exemple, une association vient de se créer, « Deuxième Regard », pour accompagner les jeunes réalisatrices. Dans le spectacle vivant, le mouvement « H/F » est également très mobilisé.
Au niveau européen, un rapport a récemment fait part d'initiatives européennes de création de réseaux. La mobilisation doit avoir un effet d'entraînement, mais aussi une fonction de « coaching ». Les femmes qui ont échoué dans une candidature se découragent parfois plus vite que les hommes... Le réseau doit aussi servir à redonner confiance aux candidates.
Dans le domaine du spectacle vivant, il faut aborder la question des auteures et de leur sous-représentation. A cet égard, une chercheuse, Aurore Evain, a consacré une étude aux femmes auteures sous l'Ancien Régime. Elle a ainsi retrouvé dans un journal des années 1920, « Le Cri de Paris », un article sur la sous-représentation des femmes parmi les auteurs dramatiques. La situation est aujourd'hui toujours la même...
Comme Reine Prat, je pense qu'en ce domaine, il faut opter pour des solutions radicales. Je travaille, à l'heure actuelle, sur un projet de création d'un lieu de référence - qui n'existe pas à l'heure actuelle - qui pourrait accueillir uniquement des femmes - auteures, metteuses en scène, scénographes, chorégraphes - pour présenter des projets de création.
Ce lieu de référence - qui pourrait être implanté à Paris - serait un « incubateur » non permanent - sa durée de vie serait limitée -, proposerait une programmation faite de créations et de projets accueillis et serait en partie financé par des subventions.
Idéalement, il deviendrait un « lieu ressource » pour les programmateurs, dans toutes les disciplines. Sachant son existence limitée dans le temps, il serait une sorte de « tremplin » pour les femmes qui peinent encore à trouver une réelle visibilité.
Bien sûr, ce projet est très ambitieux et repose sur un certain volontarisme, en particulier de la part des femmes qui y participent.