Intervention de David Azéma

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 27 mars 2013 : 1ère réunion
Etat actionnaire — Audition de M. David Azéma commissaire aux participations de l'etat directeur général de l'agence des participations de l'etat

David Azéma, commissaire aux participations de l'Etat :

L'agence des participations de l'Etat (APE) n'est pas une structure nouvelle. Il s'agit d'un service de la direction générale du Trésor, transformé récemment en service à compétence nationale. La dernière évolution a eu lieu en 2010 avec la création du poste de commissaire aux participations de l'Etat, avec pour mission de veiller non seulement aux intérêts financiers, mais aussi à la composante industrielle et sociale des participations. Il me semble, en tout état de cause, difficile de dissocier ces deux aspects.

La raison d'être première de l'APE est de veiller à la bonne tenue patrimoniale de l'Etat actionnaire. L'APE a été créée à la suite de difficultés, notamment celles du Crédit Lyonnais : la mission de l'APE est donc d'abord orientée vers la gouvernance et le contrôle des risques, et moins vers la conduite d'une stratégie industrielle. En cela, l'APE se distingue du FSI, qui a été créé pour porter une doctrine d'investissement et une stratégie industrielle.

Une comparaison avec les agences ou services étrangers comparables montre que l'APE présente sans doute l'équipe la plus réduite par rapport au portefeuille d'actifs gérés. Cette équipe est constituée d'environ 50 personnes, dont 39 agents chargés d'affaires, directeur et sous-directeurs, pour une capitalisation boursière entre 50 et 60 milliards d'euros et environ 100 milliards d'euros si l'on y ajoute les actifs non cotés, comme la SNCF. La jeunesse et le turnover des équipes sont compensés par leur professionnalisme et par l'attractivité du service, qui assure la qualité du recrutement.

Le portefeuille de l'APE est un portefeuille hérité, constitué au fil du temps de plusieurs manières. Il peut s'agir de transformation en entreprises d'anciens services publics de l'Etat, comme La Poste, France Télécom ou DCNS. Il peut s'agir du résultat de nationalisations, ancienne comme Renault, ou plus récente pour l'aéronautique par exemple. Il s'agit également d'acquisitions au fil de l'eau ; c'est notamment le cas lorsque Geodis ou Keolis sont rachetés par la SNCF. Enfin, il peut s'agir d'une acquisition dans l'urgence, comme ultime recours : c'est le cas, par exemple, de Dexia.

Le portefeuille connaît également des mouvements sortants : des privatisations ou des cessions au fil de l'eau, des liquidations ou encore des structures résiduelles qui restent dans le portefeuille mais qui sont en grande partie vidées de leur substance, comme l'Entreprise minière et chimique (EMC). Le portefeuille comprend environ 170 lignes, dont certaines sont quasiment inactives.

Notre objectif, en termes de gestion, est précisément de concentrer nos efforts sur les 20 % d'entreprises qui représentent plus de 80 % de la valeur du portefeuille, même si toute participation, même de petite taille, requiert un certain niveau de back office, ne serait-ce qu'à travers la nomination d'administrateurs et le suivi des conseils.

S'agissant du contenu des participations, nous sommes principalement exposés dans les secteurs suivants : l'énergie, avec trois poids lourds que sont EDF, GDF Suez et Areva ; le transport, avec des opérateurs comme la SNCF, RATP et Air France, et des infrastructures, comme ADP, les ports, les aéroports d'intérêt national de province mais aussi les tunnels de Fréjus et du Mont Blanc ; l'aéronautique-défense, qui pèse moins lourd mais qui est stratégiquement important, avec notamment EADS, Safran, Thalès et Dassault indirectement via EADS ; les services issus des postes et télécommunications, avec La Poste et France Télécom.

Nous sommes par ailleurs exposés à d'autres entreprises, telles que la Monnaie de Paris, la Française des Jeux, etc., sans qu'il soit possible de les classer de manière rationnelle.

Nous sommes en revanche peu, voire pas exposés au secteur agroalimentaire, au secteur pharmaceutique ni au secteur du luxe.

A travers le FSI et, demain, la BPI, dont nous sommes actionnaires à 50 %, nous sommes investis en cascade dans une myriade d'entreprises : c'est un Etat actionnaire à deux niveaux.

Concernant notre feuille de route fournie par le Gouvernement, elle est simple : il s'agit de continuer à faire fonctionner le portefeuille dans les meilleures conditions, mais aussi de conduire une analyse pour proposer au ministre des évolutions stratégiques. Cette analyse est actuellement menée et ses résultats n'ayant pas encore été livrés et encore moins validés par les autorités, je peux difficilement vous les exposer.

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