Il vous semblera peut-être futile, chers collègues, que j'en revienne aux questions concernant l'avenir de La Poste, après que fut survenu dans cet hémicycle ce que j'appellerai un triste événement, quelque peu surréaliste tout de même.
La directive communautaire du 10 juin 2002 annonce des objectifs ambitieux pour le service postal, en vue notamment d'en améliorer la qualité. Nous avons déjà exprimé nos craintes s'agissant de la mise à mal du réseau grand public.
Nous souhaitons, par le biais de cet amendement, formuler nos doutes quant à la pertinence de la restructuration des centres de tri dans laquelle La Poste s'est engagée. A ce jour, cette restructuration est synonyme d'une concentration, plutôt que d'une modernisation, du réseau.
Pour ne citer que quelques cas, je rappellerai qu'il n'existe plus aucun centre de tri dans la moitié nord de Paris intra-muros, et que le centre de Gonesse, qui centralise le courrier destiné aux Parisiens, se situe à vingt-cinq kilomètres de Paris ! A terme, tout le sud de Paris sera également desservi par un seul centre de tri éloigné de plusieurs kilomètres de la capitale.
Par ailleurs, en Seine-et-Marne, le nouveau centre est installé à Emerainville, dans une zone à très forte densité de circulation automobile et où n'existe aucune possibilité d'intermodalité.
Un autre mouvement de concentration est en cours dans l'est de la France : les centres de Metz, de Nancy et d'Epinal seront clos, et un gros pôle de tri sera créé en rase campagne.
Le processus de concentration répond en fait prioritairement à un objectif de « rentabilité », et tant pis si cela aboutit à une intensification de la circulation des camions dans les zones concernées. Ces « restructurations », pour reprendre le terme que vous aimez employer, s'inscrivent avant tout dans une logique de réduction massive du nombre d'emplois.
Dans les Hauts-de-Seine, ce sont ainsi plus de quatre cents emplois qui pourraient disparaître dans le cadre de la concentration des trois centres de tri. Dans le département de Loir-et-Cher, on estime à soixante-dix le nombre d'emplois qui pourraient être supprimés à la suite de la restructuration des centres de tri.
Preuve supplémentaire, s'il en faut une, de ce souci de réduction de la masse salariale qui anime la direction de La Poste : en Pologne, où La Poste est implantée par le biais de sa filiale Masterlink, la direction n'a pas jugé utile d'engager une dynamique innovante.
Pour notre part, nous défendons le maintien d'une relative proximité des centres de tri de la population, pour assurer une distribution dans les meilleurs délais. Nous défendons aussi l'existence de centres de tri pluridisciplinaires, où les salariés pourraient effectuer des missions aussi diverses que l'expédition, la mise sous pli, voire certaines activités d'impression. Cet objectif ambitieux ne pourra bien sûr être atteint sans la mise en oeuvre d'un grand projet industriel pour La Poste.