Intervention de Pierre Bordier

Commission d'enquête sur la lutte contre le dopage — Réunion du 20 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Bordry ancien président de l'agence française de lutte contre le dopage

Photo de Pierre BordierPierre Bordier :

Toutes les fédérations sont différentes, même les fédérations internationales. S'agissant du tennis, l'excellent Président Ricci Bitti, homme extrêmement sympathique, diplomate et agréable, m'a reçu plusieurs fois mais n'a jamais laissé l'AFLD s'occuper de la lutte antidopage dans le tennis.

Seule la Fédération internationale y effectue des contrôles. Un seul laboratoire, à Montréal, a le monopole des analyses. Même si ce laboratoire est bon, personne ne sait exactement ce qu'il s'y passe. J'avais expliqué à Ricci Bitti que cela lui reviendrait moins cher de recourir au LNDD lors de Roland Garros que d'envoyer les analyses au Québec. Il m'a répondu que Fedex lui assurait des transports gratuits en l'échange d'une publicité !

Nous avons toutefois eu « l'autorisation » de contrôler des sportifs à leur arrivée à Paris. Le directeur des contrôles a ainsi contrôlé Nadal. Cela s'est assez mal passé. Nadal a très mal pris le fait d'être contrôlé par une agence nationale et non par ceux qui le contrôlaient habituellement. Il n'était pas positif, mais il a été quelque peu déstabilisé pour la compétition suivante, ce qui n'est évidemment pas notre objectif.

Quant à la fédération de rugby, je n'ai pas le souvenir de problèmes particulier. J'ai personnellement eu des bonnes relations avec la Fédération internationale, dont le président a toujours été favorable à la lutte contre le dopage.

La question du calendrier des compétitions me paraît importante. La loi Buffet -comme auparavant la loi Avice- impose que les fédérations communiquent leur calendrier au ministère des sports, ce dont elles s'acquittent. J'ai cependant l'impression que le ministère n'a pas le temps de les étudier. On compte beaucoup de matches, du fait du modèle économique de ce sport. Il faut en effet de la billetterie pour entretenir l'administration de la Fédération, qui est assez pléthorique, payer les voyages en avion pour repérer les sites olympiques, etc. Cela coûte cher...

Tout cela est assez complexe. Il faut y regarder de près. Dans certains pays, pourtant adeptes du rugby, on compte moins de matches et davantage de repos et d'entraînement. Je pense que le ministère devrait se pencher avec attention sur le calendrier des compétitions, trop d'efforts pouvant entraîner les joueurs à rechercher des aides pharmaceutiques pour tenir le choc. Je ne critique personne, j'exprime ici une crainte...

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