Intervention de Pierre Bordier

Commission d'enquête sur la lutte contre le dopage — Réunion du 20 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Bordry ancien président de l'agence française de lutte contre le dopage

Photo de Pierre BordierPierre Bordier :

Le LNDD avait une très grande réputation. Le professeur de Ceaurriz était un homme exceptionnel, reconnu dans le monde entier. Il était rigoureux et courageux, et je tiens à lui rendre hommage à cette occasion. Il allait devant toutes les cours de justice défendre ses analyses et il le faisait fort bien.

La succession de M. de Ceaurriz a entraîné beaucoup de problèmes. Certes, on a trouvé quelqu'un de très bien en la personne de Françoise Lasne, qui était son adjointe, et qui fait très bien son travail, mais on s'est aperçu que la capacité à trouver un directeur est très limitée. J'ai toujours pensé qu'il convenait de raccrocher ce laboratoire à l'université : on peut y faire venir des chercheurs, y associer des étudiants, et confier à un universitaire une fonction de président ou de directeur du LNDD.

Dans le monde, la plupart des laboratoires reconnus par l'AMA sont adossés à des universités, privées ou publiques. J'avais à l'époque entrepris des pourparlers avec le doyen de la faculté de pharmacie. On pourrait trouver des solutions en ce sens. Il faut que le laboratoire soit à la pointe de l'analyse et la développe constamment. Il faut aussi qu'il soit à la pointe de la recherche. Ce n'est pas au laboratoire, ni à l'AFLD, de faire de la recherche, mais il doit, ainsi que ceux qui détiennent des informations, la favoriser dans les hôpitaux français et partout où elle a lieu.

J'ai été frappé des recherches médicales très avancées faites à la demande de l'AFLD par l'hôpital de Nantes ou par des hôpitaux de province particulièrement compétents. Je vois plus cette recherche comme une coordination dans le cadre de l'université.

Châtenay-Malabry n'est pas un lieu approprié pour le LNDD. Il existe en effet des problèmes très complexes de propriété du terrain, de loyers, et de développement. La faculté de pharmacie devant s'installer à Orsay, le LNDD aurait pu y avoir sa place, se retrouvant ainsi au sein de l'université et pouvant mener un dialogue avec les universitaires. Je reste convaincu qu'il faut trouver une solution.

Quelqu'un a estimé qu'il faudrait que les réformes ne coûtent pas trop cher. Je partage cet avis. Je pense que 10 000 contrôles peuvent déjà constituer un signal important. Ce qui compte, c'est la dissuasion, plus que le nombre. Si l'on passe de 10 000 à 20 000, cela coûtera plus cher et n'apportera peut-être rien...

Je pense donc que l'on peut en rester à 10 000 contrôles, soit 12 000 analyses, à 400 ou 500 euros l'unité. En ciblant les contrôles et en en parlant, on peut développer une nouvelle agence, sans augmenter considérablement les moyens et sans dépenses publiques importantes.

D'autre part, permettre au LNDD d'avoir des clients extérieurs lui permet d'avoir des revenus complémentaires. Quand des fédérations internationales demandent des contrôles, c'est à elles ou les organisateurs de compétitions qui payent, et non l'État français.

Je tiens enfin à votre disposition les pièces dont je dispose et dont vous ne bénéficiez peut-être pas. Je pense en particulier aux courriers que m'ont adressés Lance Armstrong, Floyd Landis ou quelques autres, ainsi qu'à quelques autres pièces.

Je reste, par ailleurs, à la disposition de la commission d'enquête.

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