Intervention de Marc Sanson

Commission d'enquête sur la lutte contre le dopage — Réunion du 20 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Marc Sanson ancien président du conseil de prévention et de lutte contre le dopage

Marc Sanson :

J'ai été président du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD) pendant deux ans, de 2003 à 2005. J'ai succédé à M. Boyon, dont j'ai achevé le mandat, interrompu par sa nomination comme directeur de cabinet du Premier ministre de l'époque. J'ai été remplacé à ce poste par M. Bordry.

Le CPLD, autorité administrative indépendante, tout comme aujourd'hui l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), était présidé statutairement par un conseiller d'État. Je n'ai pas demandé le renouvellement de mon mandat en 2005, évoquant des raisons personnelles sans plus de précisions, afin de ne pas fragiliser le CPLD, menacé dans ses moyens d'existence, voire dans sa pérennité, à un moment où son changement de statut était en cours et où le CPLD entretenait des relations tendues avec le ministre et le ministère des sports, pour des raisons qui ont existé avant moi et qui ont persisté après, aisément compréhensibles mais regrettables.

Ma connaissance du dopage est donc datée et limitée dans le temps. Même si je continue à me tenir au courant, je ne prétends pas être ou être resté un spécialiste.

J'ai été invité, il y a trois ans, à m'exprimer à la demande de M. Georges Vigarello, pour la revue « Esprit », qui a publié un entretien, en août-septembre 2010, dont j'ai apporté une copie. Mon propos introductif en est directement inspiré.

S'agissant de la définition du dopage, je m'en tiens à une définition stricte établie en 2004 par le code mondial antidopage : « une substance, une méthode ou un procédé regardé comme dopant s'il réunit deux des trois conditions suivantes : permettre d'améliorer la performance sportive, présenter un risque réel ou potentiel pour la santé, être contraire à l'esprit sportif ».

Suivant cette définition, l'Agence édite chaque année une liste de produits dopants. Selon mon souvenir -mais ce n'est peut-être plus très exact- elle comportait environ 600 produits.

L'accent a été mis depuis plusieurs années sur les effets négatifs du dopage pour la santé des sportifs à moyen et long terme, sur leur qualité de vie et sur leur durée de vie.

Une enquête sur la durée de vie moyenne des footballeurs américains a établi que celle-ci tournait autour de 50 ans. Une autre enquête sur la durée de vie comparée des vainqueurs du Tour de France avant et après la seconde guerre mondiale a déterminé qu'auparavant, celle-ci était plus haute que la moyenne -77 ans ; après la seconde guerre mondiale, la proportion s'est inversée, devenant inférieure à l'espérance de vie moyenne des Français.

Concernant l'étendue du dopage, je voudrais dénoncer certaines idées reçues... Le dopage n'est pas l'apanage des professionnels. Un nombre significatif d'amateurs a recours à ces pratiques. Le CPLD, puis l'AFLD, afin de sensibiliser les sportifs amateurs, ont pratiqué depuis 2005, en accord avec l'organisateur, Amaury sport organisation (ASO), et sur la base du volontariat, des tests rapides urinaires par bandelette, portant sur un nombre limité de substances, et ce pour le marathon de Paris et l'étape du tour de France Mondovelo. Près de 5 % étaient positifs à des dérivés de morphine, cannabis, amphétamines et méthamphétamines.

Une enquête publiée dans le Journal du dimanche il y a quelques années -dont j'ai conservé une copie que je n'ai pu retrouver pour notre entretien- relevait que 25 % des cyclistes tournant le dimanche autour du Bois de Boulogne avouaient « prendre quelque chose » -compléments alimentaires ou produits dopants- pour les motifs les plus divers : conserver son niveau antérieur de performances, briller, ne pas être lâché par le peloton ou raillé par les amis, pouvoir raconter des choses à son épouse, moins souffrir...

Seconde idée reçue : le dopage n'est pas réservé aux valides. Le handisport est également touché, et use de produits dopants classiques, voire de méthodes barbares sur lesquelles je ne m'étendrai pas...

Les plus jeunes sont également touchés. Selon une enquête réalisée à l'époque où j'étais au CPLD, un nombre significatif de jeunes des sections « sport et études » se déclaraient prêts à se doper. Le mot pouvait naturellement recouvrir des pratiques inefficaces ou nocives destinées à être plus performant, avoir de meilleures résultats que ses camarades ou augmenter ses chances de devenir professionnel pour un footballeur. Cela témoignait d'un état d'esprit inquiétant.

Quatrième idée reçue : certains sports échapperaient au dopage. Aucun sport n'échappe au dopage, à l'exception peut-être de la balle au tambourin, restée longtemps un sport de village, mais qui ne l'est plus maintenant. Même le golf, qui s'en défend, ou la pétanque ne sont pas épargnés. On imagine mal tous les procédés employés pour ne pas trembler dans un exercice d'adresse ou de précision, gagner en pure force et/ou en agressivité, conserver ou aiguiser les réflexes, retarder l'apparition de la fatigue musculaire, lutter contre la douleur, rester calme, mémoriser un parcours, accélérer la récupération, etc.

Je n'oublie pas le dopage équestre, dont s'occupe maintenant l'AFLD, ce qui n'était pas les cas du CPLD à l'époque, en matière de jumping, de dressage et de concours complet !

Quelque temps après ma prise de fonctions un débat a été organisé avec des parlementaires s'intéressant au sport. On m'avait demandé mes objectifs et certains de mes interlocuteurs avaient trouvé que je manquais d'ambition : j'avais en effet affirmé vouloir faire en sorte que le dopage n'augmente pas et, si possible, de le faire reculer, indiquant que je n'espérais pas le faire disparaître.

Je m'étais exprimé ainsi pour deux raisons. En premier lieu, le pourcentage de cas positifs -entre 3 et 7 selon les années- n'est pas significatif étant donné le nombre de contrôles réalisés par rapport au nombre de pratiquants et au nombre de compétitions : 8 à 10 000 contrôles par an pour 16 millions de licenciés, peut-être deux fois plus de pratiquants non licenciés, et plusieurs milliers de compétitions chaque année... Si mon souvenir est exact, il y a plus d'un millier de courses à pied sur route organisées chaque année en France !

Le dopage existe ; il ne disparaîtra pas, mais son développement n'est pas inéluctable. J'avais dit, dans une interview de l'époque, que le journal a reprise en titre -je cite de mémoire- : « Si l'on n'y croit pas, il vaut mieux fermer boutique ! ».

En second lieu, plusieurs facteurs de société banalisent le dopage. On l'évoque souvent, mais l'argument conserve toute sa pertinence. Le sport n'est plus gratuit, ou pur : c'est une affaire de classement, d'argent, d'audimat. C'est la culture de la performance et du résultat. Je suis consterné par la multiplication de l'évaluation des performances : statistiques en basket ou en football, passes décisives, records à battre, double classement en tennis, décompte des médailles. Tout ceci pousse à la performance et aux abus !

Le sport est soumis aux lois du marché, aux enjeux financiers et politiques, aux pressions des parents, pour les plus jeunes, auxquelles s'ajoutent celles des dirigeants, entraîneurs, sponsors, médias, autorités politiques, ne serait-ce que par le versement des primes, ou l'attribution de décorations.

Le sport est un spectacle, un produit de divertissement de masse, avec ses dérives, comme le vedettariat, ou la recherche du spectaculaire. Il faut « faire le show ». Des disciplines longtemps rétives aux compétitions s'y sont mises, comme l'escalade, le surf, le ski hors piste, le parachutisme... Dans ces conditions, le dopage n'est pas ou plus tabou. Il suffit de lire certaines réactions consternantes sur les sites consacrés aux affaires de dopage. Je l'ai encore fait hier...

J'en veux également pour preuve le fait qu'une marque, que chacun reconnaîtra, a obtenu de commercialiser, en France, ses canettes contenant, notamment, de la caféine et de la taurine, et patronne aujourd'hui à travers le monde de très nombreuses épreuves, équipes ou écuries sportives, dans une douzaine de sports au moins, avec une exposition publicitaire maximale.

Je pense que la lutte contre le dopage doit reposer sur trois facteurs, sans n'en privilégier aucun. Le premier concerne la discipline. Sur ce plan, je pense qu'il faudrait conserver à l'AFLD l'ensemble de ses compétences actuelles en matière d'organisation des contrôles antidopage, d'analyse des prélèvements, de prononcé de sanctions et de suivi des procédures disciplinaires, de délivrance éventuelle des autorisations d'usage à des fins thérapeutiques.

Je continue en revanche à regretter qu'on ait retiré à l'AFLD ses compétences en matière de compétitions internationales, au sens de l'article L. 230-2 du code du sport, sauf accord de la fédération internationale compétente ou, à défaut, de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Les autorisations d'usage à des fins thérapeutiques (AUT) participent, selon moi, d'un système ambigu. Fort heureusement, les AUT abrégées ou déclarations d'usage ont disparu mais je me souviens qu'à l'époque, 50 % des coureurs cyclistes pouvaient ainsi prendre du Salbutamol sous prétexte qu'ils souffraient d'un asthme d'effort. Je riais jaune lorsque je voyais un sprinteur bénéficiant d'un tel régime, un grand gaillard en bonne santé, aligner les sprints gagnants durant toute la saison !

Je pense qu'il faut maintenir en première ligne la responsabilité des fédérations dans ce domaine. Elles sont, comme le dit le code du sport, responsables de la santé de leurs sportifs, et en particulier de leurs sportifs de haut niveau. Ce sont elles qui prononcent des sanctions en première instance et en appel...

Je pense qu'il ne faut pas non plus revenir au seul pénal. J'ai deux souvenirs en la matière. Le premier remonte à l'époque où M. Bambuck devait être ministre des sports. La répression ne relevait que du pénal, et le nombre de personnes sanctionnées était inférieur aux doigts d'une main. En second lieu, j'ai eu de grandes difficultés, lorsque j'étais président du CPLD, à transformer une sanction pénale du TGI de Poitiers, à l'encontre de coureurs ayant organisé ou participé à un trafic de produits dopants, en sanction disciplinaire et suspension de compétition. Le jugement citait les infractions de manière sèche. En lisant entre les lignes, on se rendait compte que le Conseil d'État aurait pu casser notre décision !

Il faut donc en rester aux sanctions pénales en cas d'opposition aux contrôles réalisés par des personnes assermentées, de non-respect des interdictions de compétition -puisqu'il n'existe plus de sanctions sportives- et de détention ou de trafic de produits dopants

En ce qui concerne la prévention, il faut envisager des campagnes d'information et de sensibilisation, avec distribution de plaquettes, à l'occasion ou en dehors des compétitions, diffuser des films. Il existait, à l'époque où j'étais Président, une mallette sur le thème « Le sport pour la santé », sous l'égide du Comité national olympique et sportif français (CNOSF).

Il faut également mettre en place des contrôles sans sanctions auprès des non licenciés, comme je l'ai évoqué pour le marathon de Paris ou l'étape du Tour -mais cela suppose que l'organisateur soit d'accord...

Je crois également qu'il faut maintenir les campagnes d'information et de sensibilisation, même s'il est difficile de mesurer leur efficacité. Il faut en tout cas renforcer les actions auprès des jeunes, notamment ceux qui suivent une formation sport-études, en utilisant et en s'adaptant sans cesse aux nouveaux supports ou modes de communication, comme les réseaux sociaux. Il faut adapter le langage, afin d'éviter que les séances d'information ne soient prises à la légère ou comme un pensum.

Il faut faire un effort en direction des médecins et des pharmaciens. Je me souviens avoir buté sur le manque de disponibilité des médecins généralistes. Il était très difficile de les mobiliser à 20 ou 21 heures pour une réunion, alors qu'ils avaient déjà eu une très longue journée avec leurs patients.

Il faut utiliser un bon vecteur. Ce que l'on avait trouvé de mieux, à l'époque, était un disque compact, avec une mise à jour annuelle, plutôt qu'une réunion d'information...

En matière de prévention, il faut maintenir un haut niveau de contrôles hors compétition et de contrôles inopinés. Pour un sportif qui a recours au dopage, on ne se dope pas tant qu'on n'a pas été contrôlé positif, un peu comme un conducteur qui affirme avoir toujours respecté les limitations de vitesse, puisqu'il n'a jamais été flashé...

Les contrôles hors compétition -d'où l'importance de la localisation pour les sportifs de haut niveau potentiellement exposés- sont également importants. Les périodes de stage sont, on le sait, propices aux « charges » ou aux « recharges ». Les fenêtres de détection sont de plus en plus étroites -j'en veux pour preuve l'érythropoïétine (EPO)- alors que les effets des produits se prolongent. Naturellement, je suis pour cette raison hostile à l'existence de deux listes de produits interdits, en compétition et hors compétition.

Je mets également en garde contre le rehaussement des seuils de détection, sous prétexte que les capacités des laboratoires sont différentes. Ce faisant, on ne rend pas service à la lutte contre le dopage !

Idéalement, je pense, à la différence de M. Bordry -mais je respecte son opinion- qu'il faudrait qu'au moins 10 % des sportifs, professionnels et amateurs, soient contrôlés au moins une fois par an.

Je suis favorable au passeport ou profil biologique, sorte de carnet de santé comportant des profils sanguins et stéroïdiens et le résultat des contrôles, même si cet outil est encore considéré comme un instrument de « flicage ».

Je conserve un souvenir mitigé des antennes médicales de prévention du dopage, dont je réunissais pourtant chaque année les responsables. Moins d'une dizaine de personnes par an les consultaient, en dehors de la consultation obligatoire à l'expiration d'une sanction disciplinaire pour dopage. Peut-être cela a-t-il changé... Je ne les ai pas supprimées, car cela aurait constitué un mauvais signal, et je n'ai pas eu le temps de mettre sur pied une formule plus efficace ou alternative.

Par ailleurs, en matière de prévention, il faut distinguer le médecin de club, responsable des soins quotidiens, de l'entraînement, et les médecins experts accrédités par les fédérations, chargés en dernier lieu de dire si un sportif est apte ou non à concourir, ceci afin d'éviter, pour les premiers, la pression de l'entourage -familles, entraîneurs, dirigeants- voire du sportif lui-même, de la fédération, ou des sponsors. Les motifs sont divers : « Samedi, on joue la montée » ; « On évite la descente » ; « Il doit jouer si on veut bien le vendre au Mercato » ; « La compétition du week-end suivant est l'objectif de la saison » ; « Si je ne joue pas ou si je ne cours pas, mon contrat ne sera pas renouvelé ! »...

En matière de recherche, il faut combler le retard : les dopeurs et les dopés ont toujours un temps d'avance, puisqu'ils choisissent eux-mêmes les nouveaux produits. Un contrôle, par principe, ne peut trouver quelque chose que l'on ne cherche pas, parce qu'on ne sait pas qu'il est employé ou parce qu'il s'agit d'une molécule inconnue. Je fais ici allusion au tétrahydrogestrinone (THG) ou à l'EPO synthétique...

Il existe des difficultés dans l'exercice, les fenêtres de détection étant toujours plus courtes. C'est en cela que le rôle du passeport biologique est important. Il faut peut-être passer -mais il faut être inattaquable- de la recherche d'un produit à la recherche de ses effets, qui traduisent l'emploi du produit et non la présence du produit chez le sportif. Le groupe de médecins et de chercheurs que j'animais tous les mois avait entendu un vétérinaire qui nous avait expliqué la manière dont on recherchait, sur les bovins ou les poulets, les effets des substances employées pour les engraisser artificiellement. Je ne me lance pas, faute de compétences entretenues, dans l'évocation de l'utilisation des nanotechnologies, ou de la chirurgie réparatrice, comme le détournement de l'usage des cellules souches, mais je considère le risque comme bien réel...

J'en viens aux propositions. Je crois qu'il ne faut pas bouleverser l'organisation actuelle, qui a fait ses preuves. Même si elle a montré quelques limites tenant à ses moyens, ceci ne la remet pas en cause. Il faut conserver une autorité publique indépendante distincte, sans fusion avec l'Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL), dont le budget est supérieur -10 millions contre 9 à l'AFLD en 2013- ou avec une autorité chargée de lutter contre les dérives du sport.

Je ne suis pas non plus favorable à l'attribution des compétences de l'Agence au ministère des sports, l'AFLD conservant seulement une commission des sanctions. Je crois qu'il faut lui donner une véritable autonomie financière, d'ailleurs affirmée dans un article du code du sport, grâce à la diversité de ses ressources.

Je crois qu'il faut impliquer financièrement l'ensemble des parties -je me souviens n'avoir eu aucun succès à l'époque- et, en premier lieu, les fédérations et les licenciés. J'avais proposé d'augmenter la licence de 0,50 centime d'euros, pour consacrer l'argent correspondant à la lutte contre le dopage. On avait assisté à une levée de bouclier ! Le CNOSF avait fait valoir que la licence représentait déjà un coût non négligeable pour les usagers. J'avais naïvement imaginé que les 13 millions de licenciés pourraient rapporter 6,5 millions d'euros. A l'époque, le budget du CPLD s'élevant à 1,1 million d'euros, cela représentait cinq fois plus...

Un pourcentage modique peut également être prélevé sur le prix du billet, ou sur les chaînes qui retransmettent les matchs ou les épreuves. Je sais qu'il existe déjà la taxe dite « Buffet », supérieure à 40 millions d'euros, mais son produit, sauf erreur, est versé au seul Centre national de développement du sport (CNDS).

Il faudrait également impliquer les laboratoires pharmaceutiques en leur imposant un marqueur des produits dopants, et non une simple icône sur la boîte. Les magasins de sport peuvent également être sollicités. L'idée est de créer de nouvelles ressources, sans recourir systématiquement à l'augmentation des crédits publics.

La troisième proposition consiste à établir un plafond de pratiques pour les sportifs professionnels, afin d'éviter le dopage ou rendre possible la pratique sportive sans assistance médicamenteuse. Je pense au football, au rugby, au tennis, au cyclisme... Il faudrait, autrement dit, limiter le nombre de matchs ou de jours de compétition dans l'année. Il n'est pas normal qu'un cycliste puisse courir 130 jours par an ! Si l'on compte les déplacements, il n'a plus de jours de repos ! Pour un footballeur, 60 matchs dans l'année -ou 40 à 50 pour un rugbyman- représentent un nombre de prestations important...

Il faut lutter contre les inscriptions obligatoires au tennis. Je sais que, pour garantir le spectacle, on oblige les tennismen à faire au moins dix masters 1 000 par an, ou qu'on leur offre parfois de l'argent comme prime d'engagement. De telles pratiques peuvent contribuer à un éventuel dopage.

Je pense donc qu'il faut restreindre le calendrier des épreuves : un trop grand nombre de coupes d'Europe avec tours préliminaires, poules avec matchs aller-retour -là où l'on procédait par élimination directe- est nuisible à la santé des sportifs et à l'intérêt des compétitions. Je crains toutefois que la sagesse des organisateurs ne vienne que lorsque le public sera lassé émotionnellement ou financièrement de la répétition des compétitions, et qu'il ne vienne plus au stade ou ne regarde plus la télévision !

Ma quatrième proposition consiste à modifier les critères d'attribution des subventions aux clubs et fédérations. Je pense ainsi au nombre ou au pourcentage de blessés qui, sauf malchance insigne, traduit une pratique sportive excessive ou inappropriée, voire des pratiques dopantes. Quand un tendon se rompt, c'est probablement parce que la charge musculaire est très importante...

Un autre critère peut également résider dans le nombre de joueurs avertis ou expulsés, susceptible de traduire un mauvais esprit, mais également un excès d'agressivité lié au dopage.

Naturellement, on doit également tenir compte du nombre de sportifs déclarés positifs dans le club. On ne doit pas retenir que les simples résultats, comme la montée en division supérieure, un titre, une coupe, des médailles. Autrement dit, un club dans lequel il n'y aurait aucun contrôle positif ou peu de blessés verrait sa subvention de la ville, du département ou de la région augmenter. A l'inverse, les clubs les plus touchés verraient leur subvention stagner ou diminuer, et seraient contraints de mener, en interne, une politique de suivi médical et de prévention du dopage.

J'avais à l'esprit, à l'époque, un projet expérimental avec une ville de Normandie, mais je n'ai pas réussi à le mener à bien avant la fin de mes fonctions.

J'aimerais enfin que les médias participent à la lutte, et pas seulement parce que des aveux ou des contrôles positifs font vendre. Il n'est qu'à voir, aujourd'hui même, la sortie médiatisée du livre de Tyler Hamilton : « La course secrète ». J'aimerais que les médias ne participent pas à la banalisation du dopage. En 2005 -et cela ne s'est pas amélioré depuis, vous pouvez en faire l'expérience- j'ai recensé, au hasard de mes lectures, durant deux mois, l'emploi détourné, dans des articles de journaux, du verbe « doper », et ce dans les domaines les plus divers. Je n'invente rien. Je tiens le projet d'article que j'avais écrit à votre disposition. Il concerne la politique, l'économie, la culture, l'éducation, la communication, la cuisine, le domaine social et la santé, la qualité de la vie et même le secteur sportif « pur ». Aucun quotidien du matin ou du soir, aucun magazine -j'en ai testé quatre- n'a voulu publier cet article, recourant pour ce faire aux prétextes les plus variés !

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