Intervention de Nicolas About

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 13 mars 2013 : 1ère réunion
Réunion de la délégation : Audition du conseil supérieur de l'audiovisuel csa sur les travaux relatifs au développement de la télévision sociale

Photo de Nicolas AboutNicolas About, conseiller au CSA :

De plus, il convient d'ajouter à ceux qui suivent une chaîne tous ceux qui suivent les invités d'un programme diffusé par cette chaîne. Il y a un cumul de potentiel, comme nous le verrons tout à l'heure avec les NRJ Music Awards, où se sont ajoutés ceux qui suivaient NRJ et ceux qui suivaient les artistes.

Un autre point important à noter est la capacité des programmes à devenir des marques capables de fédérer des publics sur tous les écrans. Au fur et à mesure, un produit ou un programme va être porteur de l'intérêt d'un public et pourra se confondre éventuellement avec une chaîne. À titre d'exemple, NRJ12 a gagné du poids dans l'esprit du jeune public au travers d'émissions, peu reluisantes selon moi : Les anges de la téléréalité, Vous êtes en direct, Tellement vrai sont des émissions donnant vraiment la connotation NRJ12 et qui placent cette chaîne en première position en matière de télévision sociale.

Ces sujets amènent à poser la question suivante : la télévision sociale est-elle un nouveau ou un énième concept marketing ? Je crois qu'il convient de rappeler que cette dimension n'est pas nouvelle. Chacun se souvient du SVP 11 11, le service de renseignements téléphoniques grand public qui avait été créé par Maurice de Turckheim en 1935, les plus anciens ont tous en tête le fameux « Allo Guy Darbois ». Depuis, les années 2000 ont été marquées par l'émergence des blogs : même les sénateurs en ont ! Ensuite, fin 2002, nous avons observé les services SMS à valeur ajoutée, où nous pouvions déjà voter, envoyer des dédicaces ou encore acquérir des sonneries ou des logos pour les téléphones mobiles. Enfin, avec les jeux de téléréalité, de type Loft Story, est apparue dès 2001 la possibilité de consommer et d'interagir avec une marque ou un programme sur plusieurs écrans - vote par SMS, site internet, blog, chat, forum, ligne audiotel, voire même une chaîne vingt-quatre heures sur vingt-quatre disponible par câble ou satellite -.

La combinaison d'une écoute, qui devient plus volatile puisque le spectateur fait désormais autre chose simultanément, avec une interactivité, qui est facilitée par tous ces moyens fluides et gratuits, amène vers plus de partage. Ce partage est immédiat, amplifié et non centralisé par les chaînes, entraînant le phénomène de la télévision sociale. Sa dynamique a été possible grâce au développement des pratiques des ménages français, résultant elles-mêmes de l'évolution de leur équipement. Les services proposés par les chaînes ne sont venus qu'ensuite renforcer le phénomène, dans le but de le rattraper et de le maîtriser pour éventuellement s'en nourrir. Il est important de comprendre que pour les acteurs de la chaîne de valeur, les producteurs audiovisuels, les annonceurs publicitaires, les agences médias, les chaînes TV et les éditeurs de bouquets, l'enjeu est véritablement de maîtriser cette mutation des usages.

Quelques chiffres : 76 % des foyers ont un ordinateur ; 75 % des plus de onze ans ont déjà accédé à l'Internet mobile ; 74 % des internautes utilisent un second écran en parallèle de la télévision, dont 43 % le font en rapport avec le programme qu'ils regardent ; ce dernier chiffre est significatif.

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