Compte tenu d’un tel héritage progressiste, de la culture de gauche et de l’existence d’assemblées appliquant déjà ce mode de scrutin, je suis étonné d’avoir entendu sur les travées de la gauche, au cours des précédents débats, des prises de positions hostiles par principe à la proportionnelle, sous couvert de maintenir un lien de proximité entre l’élu et son territoire.
Le lien de proximité ne se décrète pas. C’est d'abord le résultat d’une pratique des élus, quel que soit le mode d’élection.
En fait, les vraies raisons sont moins avouables. Elles sont à rechercher dans une volonté d’instaurer en France le bipartisme, en éliminant la représentation de toutes les forces ne se réclamant pas du parti socialiste ou de l’UMP.
Les résultats des élections cantonales de 2011, qui se sont tenues au scrutin uninominal, en apportent une belle démonstration. Le parti socialiste, avec 24, 94 % des voix, avait raflé 41 % des sièges, soit 321 sièges de plus qu’il n’en aurait obtenu à la proportionnelle. À l’inverse, le Front de gauche, avec 8, 92 % des voix, n’a obtenu que 6 % des sièges, soit 57 sièges de moins qu’à la proportionnelle. Un électeur du Front de gauche serait-il moins respectable qu’un électeur socialiste ?
Avec le scrutin binominal, avec des cantons encore beaucoup plus étendus, vous voulez franchir une nouvelle étape dans le laminage démocratique en éliminant vos alliés communistes, écologistes ou radicaux de gauche et en éloignant un peu plus les électeurs de leurs représentants.
Je ne suis pas sûr que puissiez réussir à surmonter la grave crise de confiance de nos concitoyens à l’égard de la politique avec ce genre de manœuvres…
Tout en restant ouverts à des solutions plus raisonnables et plus démocratiques, nous maintenons nos amendements et nous appelons nos collègues de gauche et écologistes à les soutenir. S’ils n’étaient pas adoptés, nous serions amenés à voter contre l’article 2.