Intervention de Jean-Louis Carrère

Réunion du 22 avril 2013 à 21h30
Autorisation de prolongation de l'intervention des forces armées au mali — Débat et vote sur une demande du gouvernement

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère, président de la commission des affaires étrangères :

… à la fois dans la loi de programmation militaire et, surtout, dans les lois de finances, en prévision comme en exécution ! (Mme Nathalie Goulet acquiesce.)

Saurons-nous maintenant gagner la paix ?

Il y a la question des élections et de la réconciliation, qui sont les deux clés du processus politique. Je partage les doutes émis sur le calendrier des élections, en particulier les législatives, et sur la commission de dialogue et de réconciliation, sa présidence peu charismatique, sa composition qui exclut certaines communautés, son programme de travail encore inexistant à ce jour...

Il y a la question du Nord, de Kidal, où l’État malien n’est pas revenu et où ni la démilitarisation ni le dialogue ne sont vraiment engagés.

Aux autorités maliennes, je sais que nos ministres disent et répètent qu’il est temps d’aller au Nord, et pas seulement à Gao ! C’est à Kidal qu’il faut aller, c’est la réconciliation qu’il faut engager ! Il faut écarter la tentation de l’épreuve de force, il faut que le gouvernement malien ne se trompe pas d’adversaire !

La crise malienne n’a pas surgi par accident, elle n’est pas tombée du ciel. Il y a un problème du Nord, au sein duquel il y a le problème touareg, qui couve depuis l’indépendance : quatre rébellions armées en cinquante ans, ce n’est pas un hasard ! Il faut s’attaquer aux vraies causes pour traiter la question dans la durée.

Je terminerai en évoquant brièvement les enjeux régionaux.

La question n’est pas seulement malienne, elle est celle de l’ensemble du Sahel. Nous étions en Libye en décembre et, déjà, j’avais senti des fragilités qui serviront forcément d’appel d’air pour les terroristes.

Regardons le chemin suivi en janvier par Moktar Ben Moktar pour l’attaque de Tiguentourine : c’est la nouvelle « autoroute terroriste », qui part du nord du Mali via le nord du Niger et jusqu’au sud-ouest de la Libye, tenu par des centaines de milices, route révélatrice des porosités d’une nébuleuse terroriste internationale, dans laquelle se retrouvent Algériens, Tunisiens, Libyens, Maliens, Mauritaniens, Sénégalais, Égyptiens, avec des connexions inquiétantes vers le Boko Haram nigérian ou les Shebab somaliens.

Quelle architecture de sécurité régionale pourrons-nous mettre en place dans la bande sahélo-saharienne ? Nous devons résister à la tentation du rétrécissement de nos forces d’appui prépositionnées, conformément d’ailleurs à ce qui avait été programmé par le Livre blanc de 2008. Qu’aurions-nous fait sans nos forces au Tchad, à Dakar, au Niger, au Burkina Faso ? Assurément, ce n’est pas en cinq heures qu’il aurait été possible d’empêcher l’avancée de ces terroristes !

Mes chers collègues, je souhaite remercier très chaleureusement, en votre nom à tous, Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian et Pascal Canfin d’avoir informé autant que de besoin, semaine après semaine, la commission des affaires étrangères durant ces quatre mois.

Sous le bénéfice de ces observations, je vous demande de marquer votre soutien à l’engagement de nos troupes et de renouveler le contrat de l’OPEX, pour que nous puissions poursuivre utilement l’opération Serval. §

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