Intervention de Myriam Marzouki

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 25 avril 2013 : 1ère réunion
Femmes dans le secteur de la culture — Table ronde

Myriam Marzouki, metteure en scène, directrice artistique de la Compagnie du Dernier Soir et membre du Collectif H/F Ile-de-France :

Afin de dissiper tout malentendu, je voudrais préciser ce qu'il convient d'entendre quand j'ai indiqué que je n'ai pas souffert de machisme au cours de mon parcours professionnel. La question ne se pose pas au plan psychologique, mais au plan des structures : je suis victime d'une inégalité au sens statistique car les chiffres sont sans appel et font clairement apparaître que les subventions attribuées aux femmes, les budgets et les possibilités d'accéder à des postes de responsabilités, sont moindres. Ces deux aspects ne sont pas contradictoires : on peut à la fois avoir été victime d'une inégalité qui se révèle dans la statistique et avoir eu un parcours professionnel sans avoir subi, individuellement, de comportements machistes et de propos insultants méprisants ou paternalistes.

Il s'agit de mécanismes de structure qui produisent de fait une inégalité, même si les individus hommes et femmes ne sont pas sexistes ou machistes.

Le diagnostic ne relève pas d'intentions nuisibles ou de comportements problématiques et c'est aussi pourquoi ils sont d'autant plus difficiles à faire disparaître chez les responsables d'institutions culturelles, directeurs de lieu ou experts des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) qui, en toute bonne foi, s'offusqueront qu'on leur reproche un comportement machiste dans leurs rapports avec une structure pilotée par une femme.

Sur la question posée par Mme Génisson qui s'interrogeait sur le fait que le choix du jury eut été différent sans des « short-lists » paritaires, je pense qu'il n'y a pas de réelle objectivité dans le choix d'un candidat, les raisons sous-jacentes, plus ou moins avouables, étant multiples, où entrent en jeu le réseau, la cooptation, les stratégies de communication, la rhétorique, le talent ; il est très difficile de faire la part des choses.

Aussi, je ne suis pas certaine qu'imposer, de façon rigide, une « short-list » strictement paritaire soit nécessairement une bonne chose. Reine Prat, elle-même, préconisait qu'il n'y ait pas moins de 30 % de personnes d'un des deux sexes dans un jury. Cette règle serait peut-être préférable.

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