Je suis déléguée régionale aux droits des femmes pour le Nord-Pas de Calais. Je viens de l'inspection du travail. Le réseau déconcentré des délégués aux droits des femmes est composé de 120 à 130 personnes dont 70 % d'entre elles sont contractuelles. J'ai adhéré au collectif Homme/Femme à titre personnel. Je suis très sensible à la place des femmes dans le domaine culturel. Notre délégation les soutient, tout en sachant que nous disposons de peu d'argent pour ce type de projet. Nous en avons plus à disposition pour l'égalité homme femme dans les entreprises. En Nord-Pas de Calais, le service déconcentré du ministère représente 2,7 équivalents temps plein. La tâche est immense. On a beau être combatives et combatif, car nous avons un homme qui est délégué, nous sommes cependant parfois atteints par le découragement face à l'ampleur du travail à faire et au peu de moyen dont nous disposons. Heureusement, dans le Nord-Pas-de-Calais, il y a une vraie dynamique en faveur de l'égalité avec des collectivités territoriales signataires de la charte européenne dans la vie locale : le conseil régional bien sûr, certaines villes, Lille Métropole. Nous travaillons ensemble de manière fluide et sympathique, il y a une vraie force. En outre un élan a été donné par le ministère et la volonté de Najat Vallaud-Belkacem de faire bouger les lignes. Cela a permis une sensibilisation de tous les ministres. Elle tend à faire passer notre société de l'égalité dans les textes à l'égalité dans les têtes et dans les faits. Pour moi, l'inégalité dans le domaine de la culture est l'une des plus criantes. C'est honteux. Dans certains théâtres, il n'y a aucune femme. C'est pourquoi, je trouve positif que le Sénat se mobilise sur ce sujet. De manière plus générale, la question de la parentalité, de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle est vraiment complexe, car cela touche à tous les sujets, à l'intime, au choix de vie de chacun. C'est compliqué, mais nous arrivons progressivement à faire bouger les choses pour que l'on ne puisse plus entendre des réflexions du type « Tu es enceinte, mais as-tu pensé à ta carrière » ou encore « Madame, vu votre âge, vous n'avez pas encore d'enfant ? ». Exiger des titulaires de hauts postes de direction de travailler à 150 ou 200 %, est une violence pour les hommes et pour les femmes. Aujourd'hui il y a 14 % des femmes dans le corps préfectoral. La vie de préfet n'est pas quelque chose qui fait envie. Certaines situations de violence sont admises par les personnes qui travaillent, parce qu'elles y trouvent des compensations liées notamment à l'intérêt du travail. Mais une réflexion sociétale doit avoir lieu pour mettre fin à ces violences.