Intervention de Pierre-Franck Chevet

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 16 avril 2013 : 1ère réunion
Audition ouverte à la presse de M. Pierre-Franck Chevet président de l'autorité de sûreté nucléaire asn sur l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en france en 2012

Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire :

Sur le taux d'indisponibilité des réacteurs nucléaires, il ne s'agit pas nécessairement d'un sujet de sûreté mais de pilotage industriel. Il existe cependant des liens entre les deux sujets. Le manque d'investissement global en termes de maintenance dans les centrales d'EDF durant une certaine période est sans doute en partie responsable des indisponibilités et peut-être d'un certain nombre d'incidents. Entre la décision d'investir et la réalisation des modifications il existe un délai qui conduit à des indisponibilités. Les travaux d'investissements édictés par des considérations économiques ou de sûreté prennent du temps. Ceci peut fournir une partie de l'explication mais je ne répondrai pas sérieusement sans disposer d'une analyse plus complète des chiffres. Ces travaux devraient ensuite permettre d'obtenir de meilleurs résultats en matière de sûreté ou de disponibilité. Le sujet mérite d'être approfondi et analysé de façon rigoureuse.

Sur les stress tests et nos 1.000 recommandations, en lien avec mon commentaire sur la charge de travail de nos équipes et celle des exploitants, le suivi relève d'abord d'une question interne. Nous pouvons tout à fait imaginer un dispositif de suivi mais il existe des grands rendez-vous. L'un d'eux est devant nous, concernant la définition précise du noyau dur, qui permettra aux exploitants de s'engager sur des matériels précis et de passer des commandes. Pour ce point important, je me suis engagé à ce que l'Autorité de sûreté nucléaire prenne position sous trois à quatre mois. Ceci permettra d'enclencher la démarche et éventuellement de vous rendre compte d'une manière plus structurée. Comme je l'indiquais tout à l'heure, une question se pose sur la capacité industrielle de déploiement des modifications demandées. Je citerai un exemple. Dans le noyau dur, la présence d'alimentations électriques de secours constitue une préconisation de l'ASN. Cette préconisation exige l'installation de diesels dans des bunkers. Deux questions se posent à ce niveau. Quelle agression externe doit être prise en compte pour le dimensionnement de ce bunker ? Cela fait partie des questions qui doivent recevoir une réponse le plus rapidement possible, après discussion technique, dans les trois ou quatre prochains mois. Vient ensuite le temps du déploiement industriel car il s'agit de matériels très particuliers. EDF annonce des temps de déploiement complet sur l'ensemble du parc pour 2018. Chaque fois que nous sommes confrontés à des temps de déploiement longs, nous nous attachons à demander aux exploitants concernés de déployer plus rapidement, à l'horizon de quelques mois, une solution d'attente, en l'occurrence des diesels mobiles qui pourraient être amenés très rapidement. Cet exemple illustre la méthode que nous essayons d'adopter pour conduire ce chantier d'importance. Je retiens votre suggestion. Je pense effectivement que pour 1.000 recommandations, nous aurions utilement besoin d'un tableau d'avancement listant les travaux réalisés et ceux qui doivent encore être effectués.

S'agissant de la durée de vie, je ne connais pas ce chiffre de 50 milliards d'euros. J'avais entendu, par voie de presse, un montant de 500 millions d'euros par réacteur pour une rénovation après 40 ans, un montant affiché par le président d'une grande entreprise productrice d'électricité. Je ne peux apporter de réponse précise à ce stade. Nous nous trouvons au tout début d'un processus. Nous avons déjà indiqué que l'éventuel passage au-delà de 40 ans s'effectuera au regard des référentiels de sûreté applicables à la génération 3. Nous serons amenés à demander pour le réacteur concerné en quoi le projet respecte ou non chaque grand objectif de ce référentiel de génération 3 et, le cas échéant, les dispositions complémentaires qui peuvent être prises pour y parvenir. Les discussions se concentrent pour l'heure sur la méthodologie d'approche du sujet, mais nous sommes encore très loin d'avoir des dossiers de sûreté précis permettant de formaliser des coûts. Je suppose qu'il existe des références américaines sur le sujet mais je rappellerai que les Américains, face à la même question, ont jugé de la prolongation de 40 à 60 ans à référentiel constant, c'est-à-dire le référentiel initial. Le seul enjeu consistait donc à vérifier l'absence de vieillissement excessif. Il n'est pas question, dans la démarche américaine, d'imaginer une amélioration. Cette position française, qui nous démarque vraiment des Américains, est née d'une pratique très courante dans les installations classées consistant à faire le point des meilleures technologies disponibles tous les dix ans et à identifier dans quelle mesure l'installation peut s'orienter vers ces meilleures technologies. Le même principe a été appliqué dans les installations classées et pour le nucléaire en Europe.

Quant au transport de MOX au Japon, vous avez balayé plusieurs sujets. Nous avons réalisé deux inspections, hier et aujourd'hui. J'ignore quels en ont été les résultats. Nous avons vérifié les conditions de conditionnement des combustibles dans leurs emballages de transport, les conditions radiologiques de l'emballage lui-même et ensuite les conditions d'installation sur le bateau. Je ne possède pas les résultats des inspections, qui visent à vérifier les conditions de sécurité du transport par bateau.

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