… qui vient d’être évoquée – il faudra sûrement remettre à plat notre démarche stratégique –, mais aussi sur le fond.
À mon sens, ce Livre blanc marque la fin d’une époque : celle où il était encore possible de concilier la diminution cohérente du format de nos armées avec le maintien d’une certaine autonomie au sein de nos alliances, tout en promouvant une stratégie d’acquisition accordant une large place aux industriels nationaux.
Je passerai en revue ces trois points, à savoir les alliances, le format et la stratégie d’acquisition.
Premier point : notre stratégie d’alliances militaires, qui comporte trois volets.
Premier volet, le Livre blanc 2013 acte la réintégration de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN. Au vrai, il n’était pas question pour la France de sortir de cette alliance. Au contraire, comme y invitait le rapport d’Hubert Védrine, il convenait d’y prendre toute notre place.
Cette participation n’est pas un problème. Elle ne se situe pas en opposition avec la souveraineté nationale : on peut être membre à part entière d’une alliance militaire où les décisions se prennent par consensus et rester indépendant.
Deuxième volet, ce Livre blanc, comme le précédent, continue à faire la promotion du projet européen. On peut notamment y lire : « La France considère que la construction européenne en matière de défense et de sécurité est une priorité. » Ce document appelle de manière urgente à une « relance pragmatique de la politique de défense et de sécurité européenne ».
Troisième volet, ce Livre blanc consacre comme fondement de notre stratégie la préservation de notre indépendance et notre souveraineté. Il précise même que « l’efficacité des actions engagées par les forces de défense implique de pouvoir disposer en toutes circonstances d’une capacité autonome d’appréciation des situations et d’une complète indépendance de décision et d’action ».
En résulte cette antithèse apparente au cœur de ce Livre blanc, comme dans d’autres : « Le dialogue – avec les membres de l’Union européenne – vise à substituer à des dépendances subies des interdépendances organisées, et à concilier ainsi souveraineté et dépendances mutuelles. » Mon dieu que la formule est jolie ! Mais ô combien difficile sera sa mise en œuvre !
La vérité est qu’on ne peut murmurer sans cesse les mots « indépendance » et « souveraineté » tout en réduisant les crédits année après année. S’il nous faut diminuer les dépenses, construisons avec lucidité les alliances nécessaires pour pallier nos carences et faire à plusieurs ce que nous ne sommes plus capables de faire seuls.
Cela m’amène à mon deuxième point : le format. Je ne le détaillerai pas car tout est dans le Livre blanc. Ce qui est important n’est pas tant le fait que le format diminue, mais bien que sa cohérence soit sauvegardée. C’est le cas, nous en avons eu l’assurance.