Cette piste m'intéresse beaucoup, mais, en matière de recherche médicale, la démarche est moins participative, c'est pourquoi je ne l'ai pas évoquée. J'appartiens au groupe de réflexion sur la santé publique. Avec le professeur Toussaint, nous étudions l'incidence du changement climatique sur la santé publique.
Les antibiotiques et les phages constituent un superbe sujet d'écologie pure ! L'on dénombre 300 maladies émergentes chez l'humain depuis 1940. Nous avons réalisé récemment un séquençage complet du génome intestinal d'un bébé français, et avons trouvé plus de mille espèces de bactéries. Comment un banal escherichia coli peut-il nous tuer ? Nous ne connaissons que 480 bactéries sur mille. Comment imaginer connaître la biodiversité de la forêt amazonienne ou au fond de l'océan quand nous ne connaissons même pas la moitié des bactéries que nous hébergeons dans notre propre corps ? Depuis longtemps, les écologues se penchent sur les antibiotiques et savent que leur avenir est borné. Il en va de même pour les OGM (organismes génétiquement modifiés), parce que le vivant continue à évoluer. Votre sujet est fondamental, et la question de la santé publique et de la recherche médicale en relation avec cette perte de diversité biologique, le changement climatique est extrêmement importante.
Le choléra, cette bactérie marine, tue car il possède une puissante toxine qui déshydrate complètement. Or, il est possible de le cultiver sans qu'il produise cette toxine. Même remarque pour les sols, ou l'eau de mer. On ne prend pas en compte les virus d'hépatite que l'on trouve dans des cuves de pétrolier géant et qui sont disséminées partout. La recherche est fondamentale, d'autant que tout est très vite disséminé : un moustique de Mumbai est à Paris douze heures plus tard et des personnes attrapent le paludisme ou la dengue à Roissy.