Intervention de Claude Belot

Délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 4 juin 2013 : 1ère réunion
Examen du rapport d'information « collectivités territoriales : mobiliser les sources d'énergies locales » de m. claude belot

Photo de Claude BelotClaude Belot, rapporteur :

Les régies de Moselle, qui jouissent d'une très bonne réputation au niveau national, font face aujourd'hui à un problème d'adaptation. Toutefois, je pense que l'on peut faire confiance aux « gens du cru », si vous me permettez l'expression, pour trouver, en toute intelligence, une solution à cette situation. Ces régies ont démontré leur utilité. Notre collègue, M. Pintat, est président de son syndicat départemental d'électrification dans le Médoc. Cela se passe très bien, en raison de la très grande proximité avec le client. On sait qui est responsable. En Suisse, il y a beaucoup de régies cantonales qui mettent en valeur toutes les chutes d'eau et cherchent des sources locales de production d'énergie avant de se tourner vers l'extérieur. Il en est de même en Autriche, où le bois est mis en valeur. Les Suisses ne payent pas un coût démesuré par rapport aux Français, malgré une production et une fourniture d'électricité éclatées entre une multitude de régies locales. La spécificité française fait que EDF, entreprise originaire d'un pays de taille relativement moyenne, est le plus gros distributeur d'électricité au monde.

En ce qui concerne les gaz de schiste, la formation géologique du Massif central et de son pourtour laisse à penser que du schiste pourrait s'y trouver. Mais en région parisienne, par exemple, ces couches de schiste sont situées à 2 000 mètres sous la surface, alors que les nappes phréatiques alimentant l'eau potables sont en superficie, à 200 mètres de profondeur au maximum. Sur le bassin parisien, on constate beaucoup d'expériences réussies de géothermie. Les gens qui en bénéficient payent le watt beaucoup moins cher que ceux qui se chauffent au gaz ou au fioul. Ce sont des collectivités locales ou des offices HLM qui sont à l'origine de ces initiatives. Certes, cela concerne à chaque fois un petit nombre de population, mais au final c'est important. S'agissant de la fracturation hydraulique, cette technique est déjà utilisée par les foreurs d'eau, pour améliorer le débit. Moi-même, dans mes puits d'énergie, j'ai fait utiliser cette technique afin de maximiser la production d'énergie par les roches. Mais cette fracture se fait à 2 000 mètres, alors que les sources d'eau se trouvent à 200 mètres. Aucune communication n'est possible entre les deux. Au vu du contexte politique actuel, à mon avis, l'exploitation du gaz de schiste va être amenée par l'Union européenne. L'Union européenne servira de bouc émissaire sur le thème : « l'Europe nous impose de faire des recherches géologiques ». Or, si le résultat est positif, il serait absurde, à mon sens, de ne pas aller chercher le gaz. L'arrivée du gaz de schiste aux Etats-Unis n'avait pas été prévue. Or, ils en disposent en très grande quantité pour un prix dérisoire. Outre-Atlantique, le gaz naturel est cinq fois moins cher qu'en France, ce qui représente un avantage économique très important. En outre, ils possèdent du charbon en quantité importante, dans les Appalaches notamment, où cette ressource affleure à la surface. Aussi, ils le revendent aux Allemands qui ont remis en route leurs centrales thermiques, suite à la décision de Mme Merkel d'aller vers la fin de l'électricité nucléaire. Or, la combustion du charbon est ce qu'il y a de pire en matière de rejet de CO2. En France, pour faire plaisir aux écologistes, on refuse tous travaux sur le gaz de schiste. Mais pour pouvoir répondre aux besoins électriques lors des pics de demande en hiver, on achète de l'électricité en Allemagne. Je ne pense pas que cette absurdité durera très longtemps, on en sortira mais je ne sais pas quand. Aujourd'hui, il serait intelligent de faire des forages, pour savoir si ces gaz de schiste existent. En Pologne, la configuration géologique laissait présager la présence de cette énergie, mais les forages n'ont rien donné. En France, nous avons de bonnes chances d'en posséder, dans les Vosges ou le Massif central.

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