Intervention de Jean-Claude Lenoir

Réunion du 6 juin 2013 à 15h00
Modernisation de l'action publique territoriale et affirmation des métropoles — Vote sur l'ensemble

Photo de Jean-Claude LenoirJean-Claude Lenoir :

C’est avec une grande attention que j’ai suivi, depuis son commencement, la discussion de ce projet de loi. D’abord, parce que ce texte m’intéressait, comme tous nos collègues. Je l’ai donc examiné avec curiosité, mais parfois aussi avec méfiance.

Je partage sans réserve l’appréciation de notre collègue Edmond Hervé. Il a exprimé les sentiments que notre débat m’inspire, la manière dont nous avons examiné ce texte et la façon dont nous entendons travailler sur le terrain. J’y vois la preuve que, au-delà des clivages politiques, nous pouvons nous retrouver sur la meilleure façon de développer nos territoires.

Le projet de loi comporte des aspects positifs. Je ne les énumérerai pas, car ils ont déjà été évoqués. J’insisterai simplement sur la réintroduction de la clause générale de compétence, qui constitue plutôt une bonne nouvelle, même si je ne me fais pas beaucoup d’illusion. Il ne suffit pas d’avoir des compétences très larges, encore faut-il avoir les moyens de les assumer. J’ajoute, même si cela peut sembler anecdotique, qu’il me paraît intéressant d’avoir rendu aux communes des compétences en matière de tourisme.

Une autre initiative importante, qui a d’ailleurs donné lieu à un large débat, est d’avoir confié le développement du numérique non pas aux régions, mais aux départements. Ces derniers travaillent en effet au plus près du terrain et, en outre, nombre d’entre eux ont d’ores et déjà engagé des programmes importants pour développer l’accès au numérique et au très haut débit dans nos territoires.

Nous avons assisté, souvent en qualité d’observateurs, à un débat extrêmement riche et très fécond sur la situation de Lyon. Les heures que nous y avons consacrées méritent de figurer parmi les grands moments qu’il nous a été donné de vivre dans la Haute Assemblée. Le fait de constater un large consensus entre des représentants des différentes collectivités, toutes sensibilités confondues, nous a, je le dis comme je le pense, beaucoup impressionnés.

Je me réjouis également que nous ayons pu répondre aux demandes concernant les métropoles, notamment celle de Marseille. Sachez que j’apporte mon soutien le plus amical et le plus affectueux à Jean-Claude Gaudin dans les travaux qu’il a menés avec beaucoup de courage et de détermination.

Au-delà de ces points positifs, qui auraient pu m’amener à voter ce texte, d’autres aspects vont finalement me conduire à m’abstenir, comme nombre de nos collègues.

Je représente un département rural, et j’ai eu l’occasion à plusieurs reprises d’exprimer mes inquiétudes et mes préoccupations. Je m’adresse en cet instant à tous nos collègues qui estiment qu’ici, au Sénat, nous devons défendre les territoires ruraux.

J’ai vu des tentations, et même observé des tentatives, pour que la solidarité s’organise au sein des territoires riches, développés, peuplés et parfois, je l’ai perçu, au détriment des territoires ruraux qui les entourent. C’est pourquoi je suis intervenu avec force sur le sujet, quelquefois aux côtés de collègues d’autres groupes qui avaient déposé des amendements portant sur le développement des réseaux d’énergie, d’électricité, de gaz. On voit bien qu’une vraie menace pèse sur la notion de solidarité, comme l’illustrent les dispositions qui ont été prises en matière de péréquation tarifaire.

Cette menace me conduit à être d’une extrême vigilance et à interpeller l’ensemble de la classe politique : on ne peut pas concevoir que la France ne se développe qu’à partir de ses métropoles. Le territoire rural est riche d’initiatives, de personnes particulièrement dynamiques. Nous devons les écouter, faire en sorte que les textes que nous votons ne compromettent pas leurs efforts. Certes, la création de pôles ruraux est de nature à répondre à certaines préoccupations, mais encore faut-il savoir ce que l’on y mettra, tant à l’intérieur qu’en surface. Nous aurons l’occasion d’y revenir.

Mes chers collègues, c’est pour exprimer avec force mes inquiétudes que je m’abstiendrai sur ce texte, tout en souhaitant que certaines de ses dispositions puissent prospérer.

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