Intervention de Christian Cambon

Réunion du 6 juin 2013 à 15h00
Modernisation de l'action publique territoriale et affirmation des métropoles — Vote sur l'ensemble

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

Après ces fleurs, voici quelques épines… En effet, au terme de cette discussion, force est de constater que le grand échec de ce texte concerne notre région d’Île-de-France.

Mesdames les ministres, les articles qui portaient le dispositif proposé par le Gouvernement pour la région capitale ont été supprimés. En effet, face à la désinvolture affichée à l’égard des élus franciliens, il nous était impossible, sur nombre de ces travées, de soutenir vos propositions.

Vous avez cru pouvoir imposer aux communes, aux départements et aux intercommunalités existantes des intercommunalités factices de 200 000 habitants, voire de 300 000 habitants, sans aucun lien avec la réalité du terrain. Comment est-il concevable, pour le maire d’une ville de 20 000, 30 000 ou 50 000 habitants, de se voir imposer des opérations d’urbanisme ou d’aménagement de l’espace par un conseil d’agglomération regroupant des dizaines de communes ne connaissant même pas le territoire ?

Vous avez cru pouvoir laisser à l’exécutif le soin de procéder à la constitution de ces nouvelles intercommunalités factices en fonction de critères qui nous sont apparus pour le moins subjectifs.

Vous avez cru pouvoir ignorer le lent travail des intercommunalités, qui a permis de rassembler de nombreuses communes au sein des départements franciliens.

Nos communes, vous le savez, ont toutes un poids démographique, une histoire, des coopérations qui méritaient sans doute d’être mieux respectés. Leurs compétences intercommunales, obligatoires ou choisies, ont émergé à travers un long travail qui a souvent associé les populations. Avec ce projet, sans doute aviez-vous l’intention de réduire tout ce travail à néant… C’est du moins ainsi que nous l’avons perçu.

Les plus grands syndicats de communes franciliens, tels le Syndicat des eaux d’Île-de-France, le SEDIF, ou le Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-de-France, le SIGEIF, qui ont une histoire presque centenaire, ont porté tous les efforts d’investissements en matière d’assainissement, de développement des réseaux de gaz et d’électricité, d’aménagement du territoire. Pourtant, ils ont été considérés comme quantités négligeables et ils l’ont ressenti, la semaine dernière encore, comme une véritable provocation.

En vérité, sous prétexte qu’il s’agit d’une région de plus de 11 millions d’habitants et que, dès lors, on pouvait la livrer aux fantasmes des technocrates, vous avez oublié une règle d’or : une coopération intercommunale, c’est d’abord une volonté conjointe d’avancer ensemble, dans le respect de la liberté de chaque commune de travailler avec les voisins qu’elle se choisit.

Vous auriez pu procéder autrement. Le dialogue voulu par le maire de Lyon et par le président du conseil général du Rhône en est un bon exemple. Grands connaisseurs de ces terroirs, de ces territoires urbains, ils ont bien vu que le rôle des maires dans une métropole doit être compris, respecté et privilégié. Ils ont négocié, pour ne pas dire imposé, un dispositif intercommunal que nous approuvons. Nous regrettons que celui-ci n’ait pas servi d’exemple à l’Île-de-France. Mais, manifestement, telle n’est pas la culture de M. le maire de Paris !

En ce qui concerne Marseille, des avancées ont été consenties. Je pense notamment à la présence des maires dans le conseil de la métropole, qui, même si elle ne donne pas totalement satisfaction aux maires des communes voisines, va néanmoins dans le bon sens.

Mesdames les ministres, en prévision de la deuxième lecture de ce texte, nous vous encourageons à revoir votre copie. Nous respectons le dialogue exemplaire qui a présidé à la constitution des métropoles de Lyon et de Marseille, mais nous espérons que vous saurez tenir compte du gâchis auquel a abouti le projet pour l’Île-de-France.

Ici même, il y a quelques mois, le président du Sénat a organisé des assises de la décentralisation. Nous y avons travaillé dans tous les départements d’Île-de-France ; je prends à témoin M. Favier, qui préside mon conseil général. Nous y avons participé avec honnêteté, avec la volonté de contribuer à une réforme de la gouvernance en Île-de-France. Las, le présent texte n’a pas retenu grand-chose de nos propositions.

Mesdames les ministres, faute de vous être inspirées de ces travaux, vous chutez lamentablement pour l’Île-de-France. Mais à tout péché miséricorde, affirment les Écritures. Ainsi, tout en votant, à l’instar de quelques-uns de nos collègues de l’UMP, ce qui reste de votre texte pour Lyon et Marseille, je vous invite à revenir en deuxième lecture avec un véritable projet pour la région capitale.

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