Intervention de Hélène Lipietz

Réunion du 12 juin 2013 à 14h30
Application de l'article 11 de la constitution — Adoption en deuxième lecture d'un projet de loi organique et d'un projet de loi dans les textes de la commission

Photo de Hélène LipietzHélène Lipietz :

Ce texte ne peut et ne doit rien changer à l’article 11 de notre Constitution, qui restera inapplicable même si nous écrivions la meilleure loi possible. Un cinquième des parlementaires proposent un texte et 10 % des inscrits sur les listes électorales, soit plus de 4 millions d’électeurs, doivent le soutenir, afin de permettre à ce texte, dont ils ne sont pas les auteurs et qu’ils ne peuvent pas amender, d’être lu puis, peut-être, ce n’est pas obligatoire, rejeté ou adopté par le Parlement pour, dans le premier cas, finir dans les oubliettes de l’histoire, dans le second, après avoir été inventé sans eux, être adopté sans eux.

Seule la mauvaise volonté d’un Parlement refusant de discuter ce texte permettrait la convocation d’un référendum. Voilà une hypothèse bien improbable : refuse-t-on, dans nos hémicycles, de discuter de tout ou de rien ?

Je voudrais ajouter une petite réflexion à l’intention de nos collègues députés. Il faut maintenir la modification votée par notre commission, qui a réintroduit le recueil des signatures sur papier. En effet, le recueil électronique n’est pas assez fiable pour qu'il soit souhaitable d’en faire la voie exclusive de soutien d’un texte. La dématérialisation des soutiens aggrave un peu plus encore le délitement du lien social. Chercher les signatures, rencontrer les gens, discuter, argumenter, ce sont là les bases de la politique et de la citoyenneté !

Rappelons les problèmes techniques liés au vote électronique, erreurs et fraudes, dont l’UMP vient, à son corps – et à son cœur ! – défendant, de nous proposer un exemple supplémentaire. Une mission d’information relative au vote électronique est en cours au Sénat, sur l’initiative de la commission des lois et de nos collègues Alain Anziani et Antoine Lefèvre : elle nous réserve sans doute bien des surprises !

Nous voici donc arrivés à un texte a minima, aussi épuré que possible, pour une réforme constitutionnelle conçue, elle aussi, a minima.

Ce sont habituellement les professeurs de droit – je pense notamment à Hugues Portelli, qui fut mon professeur, avec Guy Carcassonne comme chargé de travaux dirigés §– qui proposent ou inventent des cas pratiques, souvent amusants, notamment en raison des noms des protagonistes. Toutes les possibilités juridiques y sont répertoriées, sous forme de malheurs, jamais de bonheurs, arrivant aux héros de l’histoire. La probabilité de constater ce déferlement de problèmes juridiques dans la vie quotidienne est proche de zéro.

Ici, c’est la Constitution qui nous demande de nous livrer à l’exercice : comment mettre en œuvre l’ersatz de référendum inventé par le constituant ? Nous avons donc organisé la procédure avec autant de joliesse que possible ; nous avons anticipé tous les malheurs susceptibles de survenir durant la vie d’une de ces propositions éventuellement soumises à référendum : vacances parlementaires, dissolution, maladie ou mort du président. Nous avons toutefois omis la bombe atomique !

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