Il convient de rappeler que l'École polytechnique est placée sous la tutelle du ministère de la défense. Si une telle tentation existe et que des initiatives ont effectivement été prises, l'important, pour les cours en ligne, c'est d'avoir une visibilité suffisante. Cela ne sert à rien de lancer son propre cours, de le mettre sur sa page web si pratiquement personne n'est au courant de son existence.
Nous sommes en train de réfléchir, avec d'autres établissements, aux moyens d'empêcher le développement de cours en ligne proposés ici ou là, par des personnes qui les auront, si je puis dire, fabriqués dans leur garage. Je suis ainsi en contact avec l'EPFL ainsi qu'avec l'École normale supérieure de Paris pour étudier la possibilité de fédérer une offre de formation via des cours en ligne en français, parce qu'il me semble que c'est une spécificité qu'il faut conserver. Prenons l'exemple de la mécanique quantique : dans cette matière, de très bons cours existent déjà en anglais ; pourquoi irions-nous concurrencer des enseignants du MIT en proposant des cours dans un anglais d'un moins bon niveau ?
L'idée, pour le moment, est de mettre en place non pas une plateforme, mais un portail. Alors que la plateforme est un véritable outil technologique associée à un serveur informatique, le portail est uniquement une vitrine sur laquelle sont affichés tous les cours. Nous entendons proposer un portail francophone, qui puisse garantir, d'une part, la qualité du contenu des cours, d'autre part, leur visibilité.
S'il est facile de trouver l'adresse de Coursera, on ne peut pas en dire autant pour les MOOCs et solutions d'e-learning en français : il y en a un petit peu partout et on a du mal à avoir une certaine unité. Très souvent, ces initiatives sont le fait d'écoles, de groupements d'écoles ou d'universités. Or, le fait de maintenir à jour de telles vitrines demande un certain investissement, qui n'est pas nécessairement fourni.
Voilà quelques années, le MIT avait lancé le projet OpenCourseWare, qui consistait à mettre en ligne le matériel pédagogique utilisé dans les cours. Par la suite, l'ensemble des écoles de ParisTech ont copié ce modèle et mis en place une plateforme baptisée « Libres Savoirs ». Alors que la plateforme du MIT a évolué au cours du temps, aucun effort n'a jamais été fait pour maintenir celle de ParisTech à jour. « Libres Savoirs » est donc maintenant complètement désuète et plus personne ne l'utilise.
Dans ce domaine, il est donc important de pouvoir garantir une certaine continuité, un service après-vente en quelque sorte, faute de quoi les gens vont voir ailleurs. D'où la réflexion que nous menons actuellement pour proposer une offre ouverte à plusieurs universités françaises.