Intervention de Geneviève Fioraso

Réunion du 19 juin 2013 à 14h30
Enseignement supérieur et recherche — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Geneviève Fioraso, ministre :

C’est pourquoi la loi reconnaît désormais le transfert, dans une acception large, comme une mission de service public. J’y reviendrai.

Finalement, et peut-être avant tout, il fallait que cette loi se concentre sur les priorités, celles qui peuvent aider notre pays à se remettre en mouvement et à se maintenir dans le peloton de tête des grandes nations. Elles sont simples, mais elles sont essentielles : la réussite des étudiants et une nouvelle ambition pour notre recherche.

La majorité précédente s’était contentée de faire de la réussite étudiante un slogan, et les 730 millions d’euros du plan « Réussite en licence » ont eu pour seul résultat un recul de 5 % du taux d’obtention de la licence en trois ans, qui est passé de 37, 5 % à 33 %. À titre comparatif, l’Allemagne obtient un taux de réussite de 60 % dans les filières non sélectives.

Selon la Cour des comptes, le manque de pilotage et de suivi sont à l’origine de cet échec. Il y a donc un problème. Voilà pourquoi le Gouvernement a voulu consacrer les 5 000 postes qui seront créés en cinq ans prioritairement à la réussite en premier cycle. La création de mille postes par an représente un effort considérable dans un contexte budgétaire que tout le monde connaît, mais nous considérons que l’amélioration de l’encadrement et le suivi plus personnalisé sont des priorités pour lutter contre l’échec.

Le taux d’encadrement en France est en moyenne de un enseignant pour seize étudiants, alors qu’il est de un enseignant pour onze étudiants en Allemagne, un pays comparable au nôtre, et nous sommes en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE en la matière, qui est de un enseignant pour près de quinze étudiants. Cette moyenne masque mal des disparités criantes entre universités, en fonction de leur ancienneté ou de leur dominante disciplinaire : le taux d’encadrement varie de un à cinq selon les situations – de un enseignant pour dix étudiants jusqu’à un enseignant pour cinquante-sept étudiants –, notamment du fait du sous-encadrement des premiers cycles.

Au moment où leur taux de chômage atteint 25 %, nous devons plus que jamais donner aux jeunes de meilleures chances de s’insérer professionnellement grâce à des études réussies, avec une formation adaptée à l’évolution des métiers. Je rappelle que 680 000 postes par an ne sont pas pourvus, faute des qualifications correspondantes.

Nous avons décidé de prendre ce sujet à bras-le-corps, d’autant que ce sont les jeunes issus des milieux les plus défavorisés, les plus modestes, de moins en moins nombreux à poursuivre des études longues, qui peinent le plus à trouver un emploi. Notre objectif, c’est d’amener 50 % d’une classe d’âge à un diplôme du supérieur, alors que nous n’en sommes aujourd’hui, je l’ai dit, qu’à un petit 37 % pour les bac+3.

Favoriser la réussite des parcours étudiants, ce n’est pas un supplément d’âme, c’est le cœur de la politique universitaire, mais c’est un défi considérable pour quel la loi actionne tous les leviers de la réussite.

La priorité, c’est d’aider les parcours de ceux qui souffrent le plus des conséquences d’une orientation par défaut : 3, 5 % de réussite en licence pour les baccalauréats professionnels et 9, 5 % pour les baccalauréats technologiques, qui se retrouvent la plupart du temps à l’université, faute d’être acceptés en section de technicien supérieur, STS, ou en institut universitaire de technologie, IUT, leur premier souhait en majorité. C’est d’autant plus intolérable que ces jeunes sont souvent issus de familles modestes auxquelles l’investissement dans les études, en dépit des bourses, demande beaucoup d’efforts.

La clé de la réussite, c’est bien une orientation choisie, et non une orientation subie.

Tel est le sens de la mesure d’orientation prioritaire des baccalauréats professionnels en STS et des baccalauréats technologiques en IUT. Il ne s’agit pas, comme je l’ai entendu, de mettre en péril des filières dont chacun reconnaît les mérites et la réussite.

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