Autre point, la loi encourage une orientation progressive, parce que l’échec est souvent dû à une spécialisation précoce. Beaucoup de jeunes savent ce qu’ils ne veulent pas faire mais n’ont pas encore défini leur avenir professionnel.
La réforme du premier cycle de licence prévue à l’article 17, qui introduit la spécialisation progressive, comme cela se fait déjà dans de nombreux pays, aidera l’étudiant à préciser son projet professionnel. Elle facilitera les réorientations sans redoublement et donnera aux jeunes un socle de connaissances plus large, pour mieux les armer face aux mutations de plus en plus rapides de la vie professionnelle.
Dans ce même esprit, l’article 22 propose une expérimentation qui réduira le taux d’échec en PACES, la première année commune aux études de santé, en améliorant le dispositif de réorientation précoce, là aussi pour éviter des échecs, bien souvent traumatisants parce qu’ils correspondaient à une vocation. Les expérimentations permettront en outre de diversifier le recrutement des futurs professionnels via des filières entrantes depuis certaines licences. Nous sommes, là encore, les seuls au monde à sélectionner de façon aussi rigide nos futurs médecins, qui plus est sur le fondement de questionnaires à choix multiples, y compris pour les sciences humaines et sociales.
Le quatrième axe de la réussite étudiante, ce sont la simplification et la lisibilité de l’offre de formation. Cette lisibilité renforcera aussi notre attractivité à l’international. Reconnaissons ensemble que les progrès de la réforme LMD, ou licence-master-doctorat, de 2002 n’ont pas permis d’éviter l’éparpillement de l’offre de formation, soit 2 400 licences professionnelles, 1 300 licences générales, 7 700 masters, si l’on additionne les mentions et les spécialités, et plus de 10 000 si l’on ajoute ceux qui sont habilités par les écoles.
Plus personne ne se retrouve dans un tel maquis et, une fois encore, ceux qui ne disposent pas des réseaux de décryptage en sont les premières victimes.
La simplification, qui passe par une accréditation et une nomenclature simplifiée, est déjà bien engagée par le ministère, en dialogue avec les acteurs concernés, en responsabilisant les sites et, ce faisant, en amplifiant l’autonomie au sein d’une nomenclature régulée par l’État. Elle ne se fera pas au détriment des matières rares, qui seront préservées.
La loi favorisera les innovations pédagogiques, qui seront intégrées aux contrats avec les établissements. Cela commence avec la formation des enseignants eux-mêmes. Enseigner est un métier qui s’apprend, dans le secondaire comme dans le supérieur. Nous avions semblé l’oublier, au mépris de l’évidence, et la mise en place des écoles supérieures du professorat et de l’éducation, les ESPE, va y remédier.