De même, la formation en alternance dans l’enseignement supérieur, notamment par la voie de l’apprentissage, a encore beaucoup de progrès à faire dans notre pays, si l’on compare notre situation avec celle de l’Allemagne.
En ce qui concerne les écoles supérieures du professorat et de l’éducation, il ne suffit pas de former les futurs enseignants à l’intérieur de l’université ou au contact du terrain. Si l’on veut vraiment refonder l’école de la République, il faut que ces futurs enseignants puissent bénéficier de cours obligatoires de philosophie et d’histoire. Il faut surtout qu’ils puissent transmettre à la jeunesse l’histoire de la France et de la République.
Pour terminer, madame la ministre, je voudrais évoquer le problème de l’introduction d’enseignements en anglais – puisque c’est de cela qu’il s’agit – dans notre enseignement supérieur. Cet enseignement en anglais se pratique dès aujourd’hui, en parfaite contradiction avec notre Constitution : vous avez recensé 600 formations en cette langue dans les grandes écoles et 190 à l’université.
On aurait attendu de l’État qu’il réagisse, car il ne suffit pas de constater. Je vois là une grave faute du précédent gouvernement et je souhaite que vous ne vous inscriviez pas dans sa continuité. Il faut distinguer en effet l’attractivité de nos universités et le souci de défendre et promouvoir la langue française, dont Braudel disait qu’elle constituait à 80 % l’identité de la France.
L’attractivité de nos universités dépend de nombreux facteurs, à commencer par la politique des visas, excessivement restrictive, comme j’ai pu le constater en Russie. Ce grand pays compte 7 millions d’étudiants, dont 800 000 apprennent le français. Or nous n’accueillons dans nos universités que 4 000 étudiants russes, contre 16 000 pour l’Allemagne. Le taux de refus de visa a atteint 37 % en 2012, soit le double de l’année précédente. Nous marchons sur la tête !
Par ailleurs, nous ne devons pas rougir d’accueillir des étudiants venus du monde arabe ou d’Afrique : ces pays connaîtront à leur tour le phénomène de l’émergence, et nous devons les y aider. Ce sera aussi une chance pour la France.
Certes, je ne méconnais pas l’intérêt d’attirer des Indiens, des Pakistanais ou des Bangladais. J’observe d’ailleurs que nous accueillons tout de même 30 000 étudiants chinois : si les gouvernements de l’Inde, du Pakistan ou du Bangladesh en avaient la volonté, le nombre des étudiants de ces pays en France pourrait être plus important.
Est-ce en organisant des cours en anglais que nous allons modifier les flux ? J’en doute ! Je crains plutôt que, en favorisant de trop larges exceptions au principe de l’enseignement obligatoire en français, nous ne donnions l’exemple d’un grand manque de confiance en nous et en l’avenir de la langue française.