« Pourquoi une réforme ? », ai-je aussi entendu. Si l’on regarde attentivement les indicateurs que j’ai rappelés précédemment, les faits montrent qu’une réforme est indispensable : quand l’Allemagne affiche dans des filières non sélectives un taux de réussite universitaire de 60 % à bac+3 – ce qui prouve bien que de telles filières peuvent être de qualité – tandis que le nôtre est de 32 %, il y a un problème ! Surtout après un plan « Réussite en licence » qui a coûté 730 millions d’euros à la nation et qui, de fait, a servi à colmater les brèches liées au passage en RCE dont le transfert avait été totalement sous-estimé.
Ce serait une loi d’orientation et non de programmation ? C’est vrai ! Il s’agit d’une décision gouvernementale, interministérielle, qui s’impose à moi. Néanmoins, et je le redirai, ce projet de loi s’accompagne de moyens dévolus au changement qu’il met en place. Par parenthèse, je rappelle que la loi LRU - que l’on n’aurait pas dû détricoter - n’était pas non plus une loi de programmation mais une loi d’orientation qui organisait un transfert un peu à marche forcée. Je venais d’être élue député quand la discussion a débuté fin juin ; la loi fut votée dans les premiers jours d’août, c’est dire si la concertation a vraiment été rapide ! Au final, cette loi s’intéressait surtout à la gouvernance et aux transferts.
Nous en discuterons tranquillement, mais je pense que la gouvernance doit être au service de priorités. Contrairement à ce qu’ont dit certains d’entre vous, nous ne faisons pas une loi autocentrée, nous ne recréons pas des communautés autocentrées. Or quoi de plus autocentrée qu’une loi uniquement dévolue à la gouvernance ?
De plus, en l’absence de concertation, ce genre de texte rate sa cible. Résultat, six ans après, on constate que cela ne marche pas et que les universités sont en déficit : 19 % d’entre elles ont une trésorerie négative et les fonds de roulement sont passés d’une moyenne de un mois et demi à une moyenne de quinze jours, le seuil prudentiel étant à un mois de fonctionnement. Il ne s’agit que de moyennes, ce qui veut dire que certaines universités vont mieux mais que d’autres vont beaucoup moins bien. Une partie des 1 000 premiers postes - qui sont des postes fongibles - a d’ailleurs servi à renflouer ces dernières. Toutefois, près de 800 postes ont bien été affectés à la réussite en licence, et je m’en réjouis. Ces postes ne fondront pas comme neige au soleil, à l’image de ce qu’il est advenu des 730 millions d’euros qui ont servi de rustine.
Le projet de loi a l’ambition de servir deux priorités qui s’imposent à la nation et qui concernent à la fois notre place dans le monde et nos emplois. Quand 25 % des jeunes sont au chômage, on peut se poser la question de savoir si, oui ou non, l’université doit servir à créer des emplois. Moi, je considère que l’employabilité n’est pas un gros mot !