Nous connaissons les statistiques : les jeunes diplômés trouvent plus facilement un emploi.
Nous y reviendrons, mais il est vrai que ces missions sont à la fois du ressort du secteur public et du secteur privé. Public et privé peuvent travailler ensemble, c’est même indispensable si l’on veut favoriser l’employabilité. Nous devons mettre un terme aux expériences menées en silo qui ne servent qu’à creuser des fossés. J’évoquais précédemment la « vallée de la mort » qui sépare ainsi le secteur public du secteur privé.
Si le projet de loi est centré sur deux priorités principales, d’autres sujets sont également évoqués. La richesse des débats montre que le projet de loi n’est ni aussi fade ni aussi creux que cela a pu être annoncé. Je souhaite toutefois revenir sur ces deux priorités.
La première, c’est la réussite étudiante. Cette réussite passe d’abord par l’orientation. On ne peut accepter qu’un bac pro ait trois chances et demie sur cent de réussir sa licence alors que l’université constitue rarement son premier vœu. Il s’agit d’un massacre social, car ces jeunes sont issus de milieux modestes. On ne peut accepter non plus qu’un bac techno ait seulement un peu plus de neuf chances sur cent de réussir sa licence quand la moyenne s’élève à un peu plus de 30 %. Cette moyenne montera d’ailleurs mécaniquement si nous savons orienter ces jeunes dans les filières qui sont faites pour eux. Cela facilitera également le travail des enseignants chercheurs qui se trouvent face à des jeunes d’un niveau extrêmement hétéroclite. Ceux d’entre vous qui ont enseigné - nous sommes nombreux dans ce cas - savent combien il est difficile de tirer vers le haut une population de jeunes d’un niveau très hétéroclite.
On ne peut à la fois reconnaître cela et dire qu’il ne faut pas toucher aux IUT, ni aux STS. On ne peut dire non plus que les bacs pro sont faits pour travailler tout de suite : allez dans les usines, allez dans les unités de production, vous verrez qu’il faut maintenant une formation de niveau bac+2. Un bac pro est démuni : il peut convenir pour un emploi manuel ou un emploi dans la production, mais il sera incapable ensuite de se reconvertir faute de posséder les bases nécessaires. Dans les unités chimiques, par exemple, vous trouverez des bacs+3 qui se situent entre technicien et ouvrier qualifié. C’est cette qualification-là que l’on demande maintenant dans les unités de production.
Si l’on veut sauver notre industrie, il ne suffit pas d’être incantatoire : il faut être pratique, pragmatique. Nous devons former les jeunes ou reconvertir les moins jeunes. C’est pourquoi j’ai inscrit la formation tout au long de la vie dans les missions – j’ose le dire - de cette nouvelle université.
La réindustrialisation de notre pays doit s’appuyer sur une gamme de produits et de services d’une qualité suffisamment élevée pour nous prémunir contre les concurrences déloyales venant de l’autre bout du monde, où les conditions sociales ne sont pas acceptables. Mais comme il faut bien que les gens travaillent dans ces pays-là également, nous devons toujours avoir un temps d’avance. Et ce temps d’avance, c’est l’innovation, les techniciens, l’université, les intellectuels qui aiment la production. Il n’est pas antinomique d’être un intellectuel et d’aimer la production.