J'ai longtemps été médecin rural, et j'ai été confronté aux mystères du suicide. Il existe de multiples types de suicides, et des différences importantes selon les territoires. Je suis d'accord avec vous que le volet sanitaire de la prévention doit être personnalisé et doit reposer sur le corps médical. Mais comment faire de la prévention quand il n'y a plus de psychiatres, et qu'il faut attendre deux à dix-huit mois pour une consultation ? S'agissant du volet social, il me semble que l'éducation a un rôle essentiel à jouer, et il faut qu'aucun jeune ne perde le sentiment que sa vie a un sens. Les conduites addictives, certains jeux dans les cours de récréation, ou certaines pratiques sportives qui sont à mes yeux des jeux de mort, doivent faire réfléchir. S'agissant du suicide en entreprise, je tiens à souligner que personne n'est à l'abri, même dans les petites structures. Par ailleurs, je pense qu'il faut effectivement traiter avec attention le choc de la précarité et éviter de donner dans le discours du désenchantement global. Je souhaiterais enfin citer un écrivain que nous aimons pourtant peu, Céline, qui disait qu'il faut mettre de la musique dans nos coeurs pour faire danser nos vies.