Je suis un adepte de la micronutrition. Quand j'ai débuté en équipe de France, on a commencé des bilans biologiques importants -vitamines, sels minéraux, etc. On s'est aperçu que des choses anormales apparaissaient pour une population sportive. Dans les problèmes d'oxydation cellulaire, les protections contre les radicaux libres sont importantes. Celles-ci -notamment la vitamine E, etc.- étaient extrêmement basses. Je me suis donc attaché à essayer d'améliorer ce statut, essentiellement par une approche nutritionnelle.
La micronutrition est une approche intéressante. Contrairement à la médecine orthomoléculaire pratiquée aux États-Unis, où les gens reçoivent des dosages vitaminiques extrêmement élevés, elle consiste à amener de petites doses dans un bol alimentaire normal.
Un sportif a en effet une membrane intestinale extrêmement fragilisée, qui ne permet pas toujours le passage de certains sels minéraux ou de certaines substances, l'intestin n'étant pas irrigué lors de l'effort. À la fin de celui-ci, une irrigation brutale -on parle d'ischémie-reperfusion- entraîne des dégâts importants sur la muqueuse intestinale.
Un bol alimentaire normal est constitué de glucides, de lipides et de protides. Quand on absorbe de la vitamine C, celle-ci se présente sous forme pure et synthétique. Lorsque ces micronutriments sont amenés dans un mini-repas, ils sont bien mieux absorbés.
Si l'on s'est attaché à l'oxydation cellulaire, c'est parce qu'elle permet de se rendre compte du phénomène de surmenage, et de savoir si les dépenses antiradicalaires sont ou non dépassées. C'est un des critères qu'on a utilisé en 2002. Quand on a fait le bilan, juste avant le stage préparatoire, L'Équipe a titré : « L'alerte bleue ». J'avais en effet prévenu que les joueurs de l'équipe de France étaient extrêmement fatigués. Les critères biologiques de sept à huit joueurs étaient extrêmement mauvais, et le phénomène antioxydant était complètement dépassé.
Je me suis donc attaché à mettre en place une nutrition adéquate durant un an et demi. On l'a expliqué aux joueurs, à tel point qu'en 1998, ils venaient eux-mêmes me chercher quand ils trouvaient quelque chose d'anormal dans le buffet. On a mené une préparation micronutritionnelle personnalisée.
Dans le domaine sportif, les entraîneurs réclament de la vitamine pour leurs joueurs. Ce n'est pas de la médecine. Il faut donner à chacun ce qui convient. Certains auront besoin de plus de fer, quelques-uns nécessiteront d'autres micronutriments. Il faut adapter la réponse à chaque demande.
C'est ce que je me suis attaché à faire. C'est un travail énorme de devoir s'occuper d'une trentaine de joueurs, qu'il faut essayer de connaître sur les plans physiologique et alimentaire. On a réalisé des bilans lipidiques en dosant les oméga-3 et les oméga-6. Quand j'ai commencé dans le football, les joueurs consommaient énormément de viande, symbole de viande, etc. Peu à peu, on leur a démontré que le rapport entre oméga-3 et oméga-6 était très important. On trouve les oméga-3 dans le poisson. Quand ce rapport est inversé, on a un profil pro-inflammatoire : la moindre blessure, le moindre choc, entraîne des conséquences plus importantes et un temps d'indisponibilité bien plus long que chez les autres. Notre action a donc été surtout alimentaire.