Les arguments peuvent effectivement se retourner.
Pour en revenir au contrôle inopiné, j'y suis favorable. C'est, selon moi, bien plus important que les contrôles en compétition -et beaucoup plus facile à réaliser, même si cela dérange l'entraîneur.
Je sais ce qu'il en est en matière de contrôle en compétition, puisque j'ai été le médecin de la FIFA, lors de Coupe du monde de 1994. J'ai eu le triste privilège de contrôler Diego Maradona lorsqu'il a été déclaré positif. Quand on joue par 40 degrés à l'ombre, il faut parfois attendre jusqu'à cinq, six ou sept heures avant que le sujet puisse uriner. C'est pourquoi les contrôles sanguins, inaugurés en 2002 par la FIFA en Corée et au Japon, ont été mis en oeuvre. Quand les contrôles inopinés se font sur la base d'analyses de sang, de cheveux ou d'urine, peu de choses passent au travers !
Quant à l'argent, oui, il y en a beaucoup dans le football, mais je connais peu de footballeurs qui accepteraient de payer ce que paient certains athlètes ou certaines équipes dans d'autres disciplines pour un résultat aléatoire !
Certes, la dimension physique a beaucoup évolué au fil des années, mais tout mettre sur le compte du dopage est un peu facile !
J'ai pris l'OL en 1976. Il existait alors des consommations maximales d'oxygène extrêmement basses. En 1998, les joueurs étaient des athlètes et cela progresse encore de match en match ! Je suis en contact avec beaucoup de préparateurs, qui trouvent que la performance physique augmente sans arrêt : plus de sprints, plus d'actions explosives, etc. Le football a acquis une dimension physique extrêmement importante mais, sans technique, aucune équipe ne sera championne du monde !
Il faut donc relativiser. Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il ne faut pas être trop naïf : dans certains pays, les choses sont difficiles à contrôler car il ne s'agit que de rumeurs. En France, le football est relativement propre. Le danger vient de la drogue. Les joueurs côtoient le show-biz, ont beaucoup d'argent. Les drogues récréatives sont un véritable problème.
Le second problème peut venir du passage en professionnel ; certains managers, en centres de formation, poussent les jeunes joueurs à passer professionnels, les rapports étant assez juteux. Ils ne sont peut-être pas suffisamment contrôlés -encore que j'ignore ce qui se fait depuis quelques années dans les centres de formation.
Pensez-vous qu'Aimé Jacquet aurait accepté qu'on plonge dans le dopage ? Non, ce n'est pas possible.