Intervention de Jean-Marcel Ferret

Commission d'enquête sur la lutte contre le dopage — Réunion du 5 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Marcel Ferret ancien médecin de l'équipe de france de football de 1993 à 2004

Jean-Marcel Ferret :

Je pense que l'on peut faire mieux. Il faut faire porter notre effort sur la formation et la préformation, aussi bien au niveau de l'apprentissage du métier qu'en matière d'alimentation ou de récupération.

À l'OL, on avait fait intervenir la cellule antidrogue de la police nationale pour présenter les produits et expliquer les contre-indications, les effets secondaires, etc. Je crois qu'on n'en fait jamais assez sur ce plan.

Quant au rugby, j'ai eu la chance de voir tous les clubs dont je me suis occupé aller jusqu'au plus haut niveau. J'étais allé à Castres pour réorganiser l'approche médicale et mettre en place un suivi personnalisé. J'espère que c'est ce qui les a emmenés vers la victoire.

Le rugby présente une grande différence par rapport au football. Beaucoup de joueurs sont anglo-saxons, et leur impératif porte sur le renforcement musculaire. Pratiquement tous les joueurs anglo-saxons prenaient de produits protéiniques. Il s'agissait souvent de produits d'étrangers, où il est facile d'adjoindre certains éléments à la poudre de protéine pour la rendre bien plus efficace !

Je n'ai pas le sentiment que le rugby soit particulièrement touché par le dopage, mais il existe cependant un risque. Il est plus facile de recourir à des stéroïdes ou à des hormones de croissance pour refaire du muscle, plutôt que de faire des heures et des heures de musculation. L'Italie a des programmes de musculation bien plus importants que la France. Ceci peut expliquer la fameuse prise de masse musculaire qu'on a relevée chez un certain nombre de joueurs. Je n'ai toutefois pas noté de variations de poids extraordinaires après le passage de tel ou tel joueur dans un pays étranger...

Il faut aussi savoir qu'il existe une sélection naturelle. En finale de Ligue des champions, il faut que les joueurs mesurent en moyenne plus de 1,80 mètre et pèsent 80 kilos. Il est vrai que certains joueurs espagnols sont petits, mais les équipes ibériques en comptent aussi de très grands. En moyenne, on parvient à ces chiffres. Tout morphotype peut être un grand joueur : on le voit avec Lionel Messi, comme on l'a vu, à Lyon, avec la génération Di Nallo, Lacombe, Chiesa.

Le football est intéressant, car tous les gabarits ont leur place -même si ce n'est pas à n'importe quel poste. Cependant, on ne peut jouer avec onze petits joueurs. Il faut une colonne vertébrale, un gardien de but, un défenseur central qui fassent plus de 1,80 mètre.

Tous les sports ont évolué : la puissance physique et la puissance musculaire vont de pair. Le football a beaucoup changé sur ce plan, mais l'entraînement et les préparations ont suivi. Il est facile de dire que tous les joueurs sont dopés ! Il y a derrière tout cela un travail énorme. Certes, certains produits ne peuvent pas aider : faisons donc des contrôles efficaces et qui lèvent toute ambiguïté -mais je crains que ce ne soit un voeu pieux ! On est toujours en retard d'une guerre, et j'ai peur qu'on en soit maintenant à la thérapie génique. Que faire ? Il y a de telles sommes d'argent en jeu, avec des gens qui, socialement, ont besoin de s'élever...

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