Ce déplacement nous a permis de constater, à mes yeux, les paradoxes de ce pays tourné vers l'Europe mais qui lorgne de plus en plus vers d'autres régions. Sous l'effet de son développement économique, ce pays ne pourra cependant pas faire l'impasse sur des liens technologiques avec l'Europe. Il a franchi par un palier en matière de développement qui va se traduire par des demandes de la population en biens de consommation ou de logement.
Alors que, à l'Université d'Ankara, certains de nos interlocuteurs ont souligné que la Turquie avait dépassé la France dans certains secteurs, ce pays n'est pas capable de fabriquer de façon autonome un véhicule automobile, ce que je n'ai pas manqué de souligner sur place.
La problématique du génocide arménien pèse lourdement. Le tort de notre pays a été de prendre l'avant-garde sur ce sujet. Je souhaite également nuancer les propos du Président : l'adhésion à l'UE reste un objectif pour une partie du patronat turc que nous avons rencontré à Istanbul. Au-delà de la proximité géographique qui plaide pour l'intégration européenne, nous pouvons valoriser les liens culturels très perceptibles.
A l'inverse d'Élisabeth Lamure, si c'était à refaire, je modifierais mon vote sur la loi de 2012. Je note que les Turcs ne nient pas les évènements de 1915 mais refusent l'utilisation du terme « génocide ». Il vaut mieux laisser les Turcs prendre en main leur propre histoire.
Certains responsables politiques que nous avons rencontrés ont mis en avant la position de la population turque sur l'adhésion à l'UE : il ne faut cependant pas oublier le rôle du Gouvernement et de la presse dans la formation de la position de l'opinion publique.
En conclusion, je garde un très bon souvenir de ce déplacement. Je reste également marqué par le passage entre l'Asie et l'Europe au milieu du Bosphore.