Intervention de Jean-Pierre Chevènement

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 juillet 2013 : 1ère réunion
Nomination de rapporteurs

Photo de Jean-Pierre ChevènementJean-Pierre Chevènement, co-président :

Face à cette situation, nous devons affirmer que la prise en main de leur sécurité par les Africains est notre objectif à terme. Nous avons déjà eu l'occasion de dire que les architectures régionales de sécurité n'avaient pas pu faire face à la montée de la menace au Sahel. L'Architecture africaine de sécurité, ou sa nouvelle déclinaison, la « force d'intervention rapide » de l'Union africaine, est un objectif essentiel que nous devons soutenir. Si la CEDEAO s'est mobilisée, c'est cependant le soutien occidental et le financement international qui ont rendu son action possible. Les états-majors ou organisations proprement sahéliennes, tels le CEMOC ou la CEN-SAD, ne sont pas de taille à lutter contre le danger du terrorisme djihadiste qui se développe au Sahel.

Nous nous sommes rendus en Algérie, seul État de la région sur lequel on puisse s'appuyer pour sécuriser le Sahel, partenaire avec lequel le Président de la République en visite à Alger le 20 décembre 2012 a souhaité « ouvrir une nouvelle page de notre histoire ». Il est illusoire, ne serait-ce que pour des raisons géographiques, de penser qu'on puisse se passer de l'Algérie, État qui a, en plus d'une armée solide -300 000 hommes, 500 000 si on ajoute les forces locales et d'autodéfense-, l'expérience éprouvante de plusieurs années de lutte contre un terrorisme d'une violence inouïe. Nous avons, avec l'Algérie, le même ennemi, un ennemi que le pays connait particulièrement bien, pour avoir lutté et pour lutter encore contre lui, sur son propre sol. Nos entretiens avec les responsables algériens ont montré leur très claire détermination. Il faut aussi comprendre et respecter la sensibilité de l'opinion publique algérienne -qui a évolué, nous semble-t-il, avec l'attaque de Tigentourine-, et intégrer les limites posées par une Constitution qui prohibe l'intervention de l'armée en dehors des frontières du pays.

Le soutien algérien à l'intervention française a été sans ambiguïté :

- Le Premier ministre SELLAL nous l'a dit lui-même, il considère que Serval a été « nécessaire et salutaire » ;

- Les autorisations de survol pour nos avions de guerre ont été accordées ;

- Les livraisons de carburant pour ravitailler les forces françaises ont allégé une logistique particulièrement complexe au Nord Mali ;

- Les services algériens ont identifié pour nous le corps d'Abou Zeid ;

- La surveillance des frontières a été durcie.

Notre conviction est que notre dialogue constructif avec l'Algérie doit être intensifié et renforcé car il peut donner des résultats tangibles dans au moins trois domaines cruciaux : la formation des armées des pays riverains, le partage de renseignement, le contrôle des frontières. Il faut s'inscrire dans la durée et garder le cap : l'Algérie est incontournable.

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