Intervention de Jean-Pierre Chevènement

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 3 juillet 2013 : 1ère réunion
Nomination de rapporteurs

Photo de Jean-Pierre ChevènementJean-Pierre Chevènement, co-président :

En conclusion, nous devons prendre conscience de la montée de l'islamisme radical qui s'opère insidieusement en Afrique de l'Ouest, et d'un certain « couplage » entre Maghreb et Mashrek, Afrique, Levant et Moyen Orient.

Il nous faut être très précis dans les concepts et les mots employés et ne surtout pas confondre l'Islam, religion pacifique de 1200 millions d'hommes et de femmes, avec l'islamisme qui en est un détournement. Il est souhaitable d'introduire de la cohérence, dans notre approche, face au dégradé que peut représenter l'islamisme politique, les différents courants salafistes et le « terrorisme djihadiste », (entendu comme l'action des groupes terroristes contre les intérêts occidentaux ou encore des régimes dits « mécréants »). Au djihadisme armé, il ne peut être répondu qu'au plan militaire, où il se place lui-même. Pour le reste, il faut distinguer entre l'Islam, qui est l'une des grandes religions de l'Humanité, et l'islamisme politique, qui détourne la religion à des fins politiques, pour bâtir un modèle de société où les valeurs républicaines (alternance démocratique, égalité hommes-femmes, etc...) ne trouvent pas forcément leur compte. La montée de l'islamisme politique dans le monde arabe ne doit pas nous conduire à fermer les yeux sur ses dérives « djihadistes », alors que nous sommes affrontés à ce même « djihadisme » en Afghanistan ou au Mali. On ne doit pas faire non plus comme si l'islamisme politique, avec les risques qu'il représente pour la démocratie et pour les femmes, était le seul régime qui convenait chez eux aux peuples arabes, et prôner, en même temps, l'intégration républicaine, en France, de nos compatriotes de tradition musulmane. Il faut tracer une ligne entre ce qui est supportable et ce qui ne l'est pas (en matière d'alternance démocratique, ou de droit des femmes, notamment). Il faut avoir les idées claires. Mais je suis optimiste : ce qui est insupportable est le fait d'une minorité. Cette mise au clair ne peut que contribuer à l'efficacité globale de notre diplomatie et de nos interventions militaires lorsqu'elles sont nécessaires, comme cela a été le cas au Mali récemment.

Il faut pour finir saluer la réactivité politique du Président de la République, le professionnalisme et l'excellence de nos militaires et la réussite de notre diplomatie, qui a su conjuguer tous nos moyens d'influence. Quel autre pays était capable de faire ce que nous avons fait ?

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