Intervention de Michel Turin

Mission commune d'information sur la filière viande en France et en Europe — Réunion du 12 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Michel Turin écrivain journaliste auteur de l'ouvrage « halal à tous les étals »

Michel Turin :

En effet, mais l'argument de l'emploi est ici brandi en permanence. A Guéret, il existe un débat autour de l'abattoir municipal, qui donne lieu à des manifestations, un des candidats à la reprise voulant en faire un abattoir halal. Les seules images d'abattoirs que l'on ait ont été prises en caméra cachée, par de faux techniciens d'abattoirs.

Je connais bien l'entreprise de salaisons Mazières, à Brive-la-Gaillarde ; j'ai ainsi cru pouvoir rencontrer certaines personnes. L'abattoir de Brive a été repris par le groupe Arcadie, qui a le même actionnaire que Spanghero : Lur Berri. A chaque fois que j'ai demandé à pouvoir le visiter, on a refusé que j'y pénètre en ma qualité de journaliste ! La seule personne qui ait accepté de me parler est quelqu'un rencontré lors d'un salon de l'agriculture, responsable d'un abattoir de l'Est, qui faisait à la fois du halal, du casher et du traditionnel. Cette personne voulait me raconter certaines choses contre rémunération ! Mon actionnaire n'était pas d'accord pour payer... Cela signifie bien que l'on doit cacher ce qui s'y passe ! Cela peut paraître exagéré, mais on visite plus facilement une centrale nucléaire qu'un abattoir !

Pour en revenir à la souffrance animale, l'abattage industriel traditionnel n'est guère mieux que l'abattage rituel. Mais ajouter une souffrance supplémentaire ne me paraît pas acceptable. Ces interdits alimentaires reposent sur des principes religieux qui renvoient à la nuit des temps. Le seul personnage politique important qui ait dit des choses censées durant la polémique de l'an dernier est François Fillon, pour qui les religions doivent s'adapter, les progrès de la science et de la technologie faisant que certaines choses ne s'imposent plus.

J'ai été stupéfait d'entendre les propos tenus par l'un de vos interlocuteurs, lors de la table ronde : la physiologie nous a appris que la fonction circulatoire continue à s'exercer après que la bête ait été insensibilisée ! Le principe veut que la bête soit saignée le plus vite possible afin que la viande soit consommable. Il faut donc que la bête soit vivante, consciente et que le coeur fonctionne - mais le coeur continue à fonctionner après insensibilisation !

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