Intervention de Pierre Le Neindre

Mission commune d'information sur la filière viande en France et en Europe — Réunion du 12 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Le neindre ancien chercheur et de Mme Claire Sabbagh ancienne responsable de la cellule expertise à l'institut national de la recherche agronomique inra auteurs du rapport d'expertise collective de l'inra sur les douleurs animales

Pierre Le Neindre, ancien chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) :

Ce rapport est très complet, mais des travaux sont encore en cours. Une étude de l'Anses se penche sur les douleurs chez les veaux en fonction du type d'abattage.

Lorsqu'on étudie la question de la souffrance animale, il faut bien définir les termes du débat. Il faut ainsi commencer par distinguer les notions proches que sont la souffrance et la douleur. La douleur est définie comme l'expérience sensorielle et émotionnelle aversive représentée par la conscience que l'animal a de la rupture de l'intégrité de ses tissus. Les mécanismes physiologiques et neurophysiologiques de la douleur sont assez bien répertoriés. La notion de souffrance est plus vaste : elle englobe à la fois la douleur et la souffrance de nature psychologique. Enfin, l'animal est en mauvaise situation du point de vue de son bien-être par exemple lorsqu'il est privé de contexte social, ou qu'il est laissé sans aucune activité. La notion de bien-être renvoie à la manière dont l'animal ressent une situation, et non à cette situation en elle-même. L'animal doit être considéré comme un être sensible avec des émotions et des réactions à son milieu.

La notion d'animal doit également être précisée. D'un point de vue taxinomique, l'animal va de l'éponge au bonobo ; or il n'est pas certain que l'éponge soit un être sensible. Les travaux de la phylogenèse permettent d'identifier l'apparition de la douleur chez les espèces. Il est certain que les mammifères et les oiseaux sont des êtres sensibles. Les poissons, les invertébrés et les céphalopodes en revanche n'ont sans doute pas le même degré de sensibilité, même s'ils ont d'importantes capacités cognitives. Au total, on a des certitudes pour certaines classes d'animaux, mais seulement des incertitudes pour les classes intermédiaires.

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