Nous avons pu bénéficier de la contribution de cliniciens humains, qui nous ont mené à estimer que la douleur n'est pas quelque chose d'évident. Le champ des êtres susceptibles de ressentir de la douleur s'est étendu au cours des dernières années : on considère désormais que les nourrissons sont capables de ressentir de la douleur, de même que les handicapés mentaux depuis 1987. On n'attribuait auparavant la compétence douleur qu'aux êtres humains adultes, pensants et capables de s'exprimer.
Ce travail d'expertise collective a permis d'identifier toutes les sources potentielles de douleur en élevage. Notre parti pris est qu'il est possible d'agir pour limiter les souffrances des animaux, même si nous ne disposons que de connaissances partielles en la matière. Nous avons proposé une stratégie en trois volets. Il faut d'abord éliminer toutes les causes flagrantes de douleur inutile. En deuxième lieu, lorsqu'on a le choix entre plusieurs techniques, il faut choisir la moins douloureuse. Enfin, lorsqu'il est inévitable d'infliger des douleurs aux animaux, il faut s'employer à les soulager à la fois par des moyens thérapeutiques et par des soins attentifs. Chez les animaux comme chez les hommes, le contexte n'est pas indifférent : la douleur est plus fortement ressentie dans un contexte hostile que dans un milieu compatissant.